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[Lect. VII.]
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RIG-VÉDA. — SECTION DEUXIÈME.

de loin ou de près, nous poursuivent de leur haine.

10. Ô Vrihaspati, avec un compagnon aussi généreux que toi, nous sommes sûrs d’avoir toujours l’abondance. Que le méchant, qui aspire à la victoire, ne devienne pas notre maître. Par l’effet de nos prières, puissions-nous jouir d’une bonne renommée et du triomphe !

11. Ô maître de la chose sacrée, tu es prompt à donner, généreux, ardent au combat, courageux assaillant, vainqueur intrépide ; tu es juste, et débiteur équitable. Tu abats l’homme violent et superbe.

12. Un (mortel) impie, qui attaque notre gloire, terrible, orgueilleux, désire notre perte. Vrihaspati, que son trait n’arrive pas jusqu’à nous ! Brisons la fureur de ce méchant que sa force enorgueillit.

13. On t’implore dans les combats, et tu mérites les hommages qu’on t’adresse. Tu vas au milieu de la mêlée, et tu donnes les dépouilles (de tes ennemis). Que Vrihaspati, comme un char destructeur, passe sur les armées de notre adversaire, qui comptait sur la victoire.

14. Fais sentir l’ardeur de tes rayons aigus à ces Rakchasas qui ont osé mettre en doute ta force triomphante. Prouve la vérité de nos chants ; ô Vrihaspati, tue l’insolence de tes censeurs !

15. Ô Vrihaspati, enfant du sacrifice, donne-nous cette abondante opulence, dont un maître de maison[1] puisse se faire honneur, qui, parmi le peuple, se recommande par son éclat et sa grandeur, et qui se distingue par sa force !

16. Ne nous livre pas à ces brigands, à ces ennemis malfaisants, qui, tapis dans leurs repaires, guettent le moment de saisir leur proie. Vrihaspati, au fond du cœur ils convoitent l’offrande réservée aux dieux. Qu’ils apprennent qu’il n’est rien de supérieur à toi.

17. Le sage créateur[2] de l’univers t’a enfanté pour envelopper tous les mondes. Le maître de la chose sacrée aime à contracter des dettes envers (le père de famille) qui allume le feu divin ; il s’acquitte avec son créancier, quand il donne la mort à Vritra.

18. Ô Angiras[3], pour ta gloire est survenu le nuage, quand tu as ouvert la prison qui renfermait les vaches (célestes). Vrihaspati, associé à Indra, tu as fendu cette mer d’ondes (salutaires) que couvraient de noires ténèbres.

19. Ô maître de la chose sacrée, toi qui conduis ce (monde), entends mon hymne, et prends ma race sous ta protection ! Qu’il soit fortuné pour nous, ce saint appareil que chérissent les dieux ! Pères d’une heureuse lignée, puissions-nous chanter longtemps encore dans les sacrifices !




LECTURE SEPTIÈME.

HYMNE I.

À Indra et à Brahmanaspati[4], par Gritsamada.

(Mètres : Trichtoubh et Djagatî.)

1. Maître (du monde), reçois cette offrande. Nous voulons t’honorer par un hymne nouveau et solennel. Un de tes amis, ô Vrihaspati, en versant la libation et (en l’invoquant) pour nous, commence cet éloge. Daigne exaucer notre prière.

2. Celui qui par sa force a abattu les insolents Rakchasas ; qui dans sa colère a déchiré les nuages ; qui a fait avancer la masse immobile (des eaux), et a pénétré au sein de la montagne où étaient cachés des trésors, c’est le maître de la chose sacrée.

3. Cette œuvre devait être celle du plus grand des dieux. Par lui la force a été brisée, la vigueur est devenue mollesse ; il a délivré les vaches célestes ; par la vertu du sacrifice il a frappé Bala, dissipé les ténèbres et montré la lumière.

4. Le maître de la chose sacrée a ouvert par sa puissance ce (nuage) étendu, dont la force semblait dure comme la pierre, et qui renfermait le miel (de l’abondance). Tous les brillants (Marouts)[5] ont bu cette onde, et l’ont en même temps répandue (sur la terre).

5. Ces mondes éternels ouvrent pour vous leurs portes aux mois et aux années. (Le Jour et la Nuit) se suivent sans interruption. Voilà les œuvres utiles du maître de la chose sacrée.

6. Les Panis avaient amassé et caché dans leur caverne un riche trésor : les sages (Angiras), con-

  1. Le texte dit Arya.
  2. Pour exprimer cette idée, le poëte emploie le mot Twachtri.
  3. Nom d’Agni. Voy. page 41, col. 2, note 1.
  4. C’est un nom d’Agni, qui, dans cet hymne, quelquefois, se trouve confondu avec Indra.
  5. Le commentaire pense qu’il est ici question des rayons du soleil. Je serais assez porté à considérer le mot swardris comme signifiant une portion de l’atmosphère.