Page:Langlois - Rig Véda.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
15
PRÉFACE.

En attendant nous savons que l’œuvre est commune, que le but est commun, qu’il en ressort une responsabilité commune ; aussi, peu importe la latitude sous laquelle les nations vivent, peu importe le nom sous lequel elles invoquent Dieu, elles appartiennent toutes à la grande famille humaine, et aucune catastrophe ne peut frapper l’une d’elles sans qu’elle n’atteigne directement, ou indirectement, de près ou de loin, toutes les autres.

Le moment est venu d’asseoir l’enseignement général sur des bases aussi larges que le réclament nos intérêts et nos devoirs. Pour nous, le degré le plus avancé du progrès se mesure par l’étendue plutôt que par la profondeur des connaissances. Si le point de départ, c’est l’homme, le point d’arrivée, ce sont les hommes. Ces météores éblouissants de l’intelligence, qu’on appelle génies, n’auraient pas eu leur raison d’être au milieu du monde, s’ils n’avaient pas été destinés à éclairer tôt ou tard les multitudes. De nos temps, après Kepler, Galilée et Newton, ces trois grands scrutateurs de la nature, après Dante, Shakespeare, et Molière, ces trois grands révélateurs du cœur humain, les individualités géantes ont fait place aux collectivités. Voilà pourquoi la révolution de 1789 a été possible.

Des lois éternelles gouvernent le monde moral, comme elles gouvernent le monde physique ; et si l’on ne peut encore les déterminer d’une manière certaine, il n’est pas sans importance de les chercher, tout en préparant en même temps les matériaux nécessaires à cette grande découverte. C’est ainsi que nous avons entrepris de réunir en des groupes lumineux les chefs-d’œuvre de la pensée de tous les temps et de tous les pays. L’instruction, utile à toutes les époques, est devenue indispensable aujourd’hui. Mais ce qui est non moins indispensable c’est de faire entrer par l’instruction, dans l’esprit des peuples, l’idée si méconnue et pourtant si vraie, qu’il y a entre eux une solidarité inévitable. Cette idée suffirait seule à diminuer les éventualités de la guerre, qui a cessé d’être un agent de la civilisation, et à remplacer les luttes sanglantes des batailles par les luttes pacifiques et fécondes de l’intelligence.

Notre but n’est donc pas seulement de former une bibliothèque modèle, renfermant dans un nombre relativement très-restreint de volumes, tout ce qui trouve de grand et d’utile dans les plus riches bibliothèques du monde ; mais surtout de provoquer une ère de travail collectif, dans une entente commune, par la reproduction logique de l’œuvre de nos pères dans le domaine de la religion, des sciences, des lettres et des arts, c’est-à-dire par l’histoire du perfectionnement des facultés humaines, aboutissant à l’histoire la plus vraie et la plus complète de l’humanité. Notre méthode est simple : la loi des filiations. Notre plan d’organisation est aussi simple que notre méthode : une division par séries des foyers déterminés de civilisation, et des évolutions périodiques dans chaque foyer.