Page:Langlois - Rig Véda.djvu/282

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
274
[Lect. I.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

célèbre par ses œuvres, nous fasse, ainsi que sur un vaisseau, passer à travers tous nos ennemis.


HYMNE XVIII.
À Agni, par les Vasouyous.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Ô Agni, ô dieu à la lumière pure, à la langue agréable, amène ici et honore les dieux.

2. Nous venons à toi ; amène les dieux à notre fête, ô toi que nous arrosons d’un beurre (limpide), toi qui brilles comme un soleil resplendissant.

3. Ô sage et grand Agni, tu es ami de nos holocaustes, et dans le sacrifice nous faisons reluire tes feux éclatants.

4. Viens, ô Agni, avec tous les dieux à l’holocauste que nous t’offrons. Nous t’honorons comme sacrificateur.

5. Donne, ô Agni, à celui qui te présente et offrandes et libations la vigueur et la puissance. Viens avec les dieux t’asseoir sur notre gazon.

6. Ô Agni, vainqueur de mille (et mille ennemis), tes feux ornent les sacrifices. Tu es le messager des dieux, digne de nos cantiques.

7. Honorez Agni, le divin possesseur de tous les biens, le porteur de l’holocauste, le prêtre toujours jeune.

8. Sois présent aujourd’hui à nos divers sacrifices ; prête-toi avec dévouement au service divin. Étendez le gazon pour le siége (des dieux).

9. Sur ce (gazon) siégent les Marouts, les deux Aswins, Mitra, Varouna, tout le peuple des dieux.


HYMNE XIX.
À Agni, par Touvidjata[1] et Aswamédha, fils de Bharata.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Ô Agni (surnommé) Wêswânara[2], un roi pieux, prudent et généreux, Tryarouna, fils de Trivrichna, m’a rendu riche ; il m’a donné deux bœufs attelés à un char, avec dix mille vaches. Qu’il te souvienne de lui.

2. Ce (roi) m’a donné cent vingt vaches, et deux chevaux de trait, traînant une précieuse charge. Ô Agni, ô Vêswânara, pour prix de nos louanges et de nos offrandes, accorde à Tryarouna ta protection.

3. Ô admirable Agni, Trasadasyou, en te louant, a pu obtenir ta faveur. Qu’il en soit de même pour Tryarouna, qui, d’une âme dévote, s’est uni aux prières et aux libations que moi, Touvidjata, j’ai faites en ton honneur.

4. Moi, Aswamédha, voulant sacrifier, j’ai entendu quelqu’un me dire : « Allons, (sacrifie !) » Je viens avec mon hymne, je me présente avec mon offrande. Que celui (qui m’a parlé) me donne et la richesse et les moyens d’exprimer mes pieuses pensées.

5. Cent mâles taureaux m’ont été donnés, à moi Aswamédha, et accroissent ma fortune. (Ô Agni), que la triple offrande[3] (de mon bienfaiteur) soit (pour toi) aussi douce que la liqueur du soma.

6. Ô Indra et Agni, vous qui avez cent trésors à votre disposition, donnez à Aswamédha une mâle vigueur et un large domaine. Qu’il soit comme le soleil immortel dans les cieux.


HYMNE XX.
À Agni, par Viswavârâ, fils d’Atri.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Les feux d’Agni brillent dans l’air ; sa splendeur s’étend au-devant de l’Aurore. Viswavârâ[4] s’avance, honorant les dieux par ses invocations, et versant le beurre de l’holocauste.

2. Ô Agni, tes feux sont allumés ; tu es roi de l’ambroisie. Tu t’attaches à l’homme qui offre l’holocauste, et tu fais son bonheur. Il possède

  1. La teneur de cet hymne m’a engagé à modifier l’indication du commentateur, qui lui donne pour Richis trois personnages, Tryarouna, fils de Trivichna, Trasadasyou, fils de Pouroucoutsa, et Aswamédha, fils de Bharata. Je crois que le lecteur doit se trouver confirmé dans l’idée que j’émettais page 272, col. 1, note 1 ; car Trouvidjâta est un surnom d’Agni, et Aswamédha est un sacrifice connu. Tryarouna me paraît être aussi un personnage allégorique : c’est, sous un autre nom, le Trichavana qu’Agni Touvidjata comble de ses bienfaits. Pour le personnage de Trasadasyou, voy. page 256, col. 1, note 1.
  2. Voy. page 78, col. 1, note 4.
  3. Cette triple offrande, dit le commentaire, se compose du caillé (dadhi), de l’orge (saktou), et du lait (payas).
  4. Viswavârâ est un nom de l’Aurore (omni re instructa). Le commentateur en fait une femme Richi, à laquelle il attribue cet hymne. Je regarde cette mention de Viswavârâ comme une preuve nouvelle à l’appui de l’explication que je donne ci-dessus de l’introduction de tous ces Richis imaginaires. Je m’étonne qu’au lieu de l’épithète Viswavârâ, le commentateur n’ait pas aussi bien pris Ghritâtchî, que nous avons déjà vue personnifiée.