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[Lect. II.]
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RIG-VÉDA. — SECTION QUATRIÈME.

être bien gardés ! Ô héros, puissions-nous être bien gardés !


HYMNE VII.
À Indra, par Atri.
(Mètres : Anouchtoubh et Pankti.)

1. Ô glorieux et noble Indra, ô (Dieu) qui portes la foudre et possèdes la richesse, apporte-nous dans tes deux mains le bien que nous devons espérer de toi.

2. Oui, Indra, apporte-nous le bien que tu estimes le plus beau. Que nous connaissions ton immense générosité !

3. (Dieu) bienfaisant et armé de la foudre, ta pensée est noble, généreuse, étendue ; et pour nous envoyer l’abondance tu peux briser les obstacles les plus forts.

4. Nos hymnes ont célébré Indra, le roi des mortels, le plus noble de tous ceux qui sont seigneurs parmi vous : nous l’avons invoqué avec de nombreuses libations.

5. En l’honneur d’Indra, qui aime nos hommages, (nous présentons) ces invocations poétiques, cet hymne louangeur. Dans leurs prières les enfants d’Atri exaltent sa gloire ; oui, dans leurs prières les enfants d’Atri préconisent son nom.


HYMNE VIII.
À Indra, par Atri.
(Mètres : Ouchnih, Trichtoubh et Anouchtoubh.)

1. Ô maître du soma, viens prendre la liqueur qui sort de nos mortiers. Ô vainqueur de Vritra, ô généreux Indra, bois avec les généreux (Marouts).

2. Fécond est ce mortier, féconde est ton ivresse, fécond est ce soma. Ô vainqueur de Vritra, ô généreux Indra, (bois) avec les généreux (Marouts).

3. Moi qui répands (le soma), je t’invoque, ô (dieu) de la foudre, ô toi qui répands (la pluie), avec tes admirables auxiliaires. Ô vainqueur de Vritra, ô généreux Indra, (bois) avec les généreux (Marouts).

4. Que le roi puissant et libéral qui lance la foudre, triomphe de ses ennemis et donne la mort à Vritra, qui aime nos libations et boit notre soma, attelle son char et vienne près de nous. Qu’Indra, dans le sacrifice de midi, se livre à une (sainte) ivresse.

5. Quand le fils du (funeste) Asoura[1], Swarbhânou, couvre tes rayons, ô Soûrya, de son obscurité, tels que l’insensé, qui ne peut reconnaître son chemin, les mondes vont sans clarté.

6. Ô Indra, lorsque la magie de Swarbhânou vient se placer au-dessous de l’astre lumineux, tu la détruis. Avec son quadruple mantra[2] Atri[3] retrouve le soleil, caché sous les ténèbres paresseuses.

7. « Ô Atri, » (s’écrie Soûrya,) « ne souffre pas que le (monstre) terrible et affamé me dévore, moi qui t’appartiens. N’es-tu pas Mitra, équitable en sa magnificence ? Ô Mitra, et toi, royal Varouna, sauvez-moi en ce moment ! »

8. Prêtre, s’approchant du mortier (sacré), honorant les dieux par l’hymne et les apaisant par la prière, Atri a placé dans le ciel l’œil de Soûrya. Il a détruit la magie de Swarbhânou.

9. Ainsi Soûrya avait été couvert des ténèbres de Swarbhânou, fils du (perfide) Asoura. Les enfants d’Atri l’ont retrouvé : les autres n’ont pu (avoir le même bonheur).


HYMNE IX.
Aux Viswadévas, par Bhômatri.
(Mètres : Trichtoubh, Djagatî, Virat et Écapada.)

1. Ô Mitra et Varouna, quel est celui qui vous honore en ce moment ? Quel que soit votre séjour, le ciel, ou la demeure terrestre d’un noble (mortel), ou le foyer du sacrifice, sauvez-nous. Donnez (au sage) qui veut honorer les dieux cette abondance d’offrandes que procurent les troupeaux.

2. Puissions-nous plaire à Mitra, à Varouna, à

  1. L’explication donnée pour le mot Asoura est prânada (spiritum dans). Ce mot est ordinairement pris en bonne part : cependant il peut s’appliquer à des êtres dont la nature est mauvaise, comme à Vritra, parce que Vritra retient et cède le nuage qui donne la vie. Swarbhânou, qui est l’obscurité personnifiée, est considéré comme le fils de Vritra. Dans la mythologie des Pourânas, Swarbhânou est identifié avec Râhou, ou le nœud ascendant.
  2. Je crois que le poëte désigne les quatre premiers distiques de ce même hymne, auxquels il attribue cette vertu singulière.
  3. Atri est ici ou le nom du prêtre qui accomplit le sacrifice, ou un surnom d’Agni agissant en sa qualité de sacrificateur. On explique le mot Atri par l’idée de mangeur. Voilà pourquoi ce mot s’applique à différents personnages ; à Agni, qui mange les holocaustes ; à Vritra et à ses compagnons, qui dévorent les nuages ; au sacrificateur lui-même, qui absorbe une partie des offrandes. Je pense qu’il est ici question d’Agni, invoqué dans le distique suivant sous le nom d’Atri. Atri, de même qu’Angiras, est une des formes d’Agni.