Page:Langlois - Rig Véda.djvu/290

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
282
[Lect. II.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

l’infatigable Aryaman, au grand Indra, aux Marouts, heureux compagnons du bienfaisant Roudra, à tous ceux qui obtiennent de nous les honneurs de l’hymne poétique et de l’offrande !

3. Nous vous invoquons, ô généreux Aswins ; pressez le pas superbe du coursier qui traîne votre char, aussi prompt que le vent. (Ô prêtres), apportez pour honorer dignement le (dieu), qui est le souffle même du Ciel[1], vos prières et vos offrandes.

4. Que le vainqueur céleste, le sacrificateur compagnon des Canwas, le rapide Agni, surnommé Trita[2] et partageant les plaisirs de Soûrya, que Poûchan, que Bhaga, tous protecteurs du monde, tous doués de la plus grande vélocité, se disputent le bonheur de venir à nos sacrifices.

5. Amenez-nous vos richesses portées sur vos légers coursiers. Notre prière vous demande de nous faire acquérir et conserver l’opulence. Ô Marouts, que le sacrificateur choisi par le fils d’Ousidj[3] se ressente heureusement de votre bienfaisante activité.

6. (Ô Prêtres), invitez par vos hymnes le divin et sage Vâyou à monter sur son char, et à montrer qu’il approuve (nos louanges). Que les Prières, riches épouses (des dieux), viennent prendre leur place au sacrifice, et leur part aux cérémonies.

7. Pour votre avantage, les deux grandes (déesses), l’Aurore et la Nuit, (viennent) du ciel, à l’appel de nos hymnes, avec les (dieux) adorables et fortunés, et, telles que deux sages, elles apportent au mortel tout ce qu’il désire pour le sacrifice.

8. Je chante ces héroïques (Marouts), riches de tant de biens. J’offre mes (libations) à Twachtri, maître de l’enceinte (sacrée). La Prière, entourée d’offrandes, et heureuse de partager les plaisirs (des dieux, célèbre aussi) les Arbres, les Plantes (dans ce sacrifice) qui doit amener la richesse.

9. Que les Parwatas[4], qui sont (pour nous) comme d’héroïques Vasous[5] arrivent heureusement pour nous donner des enfants et des petits-enfants ; qu’il augmente sans cesse notre prospérité, ce (dieu) adorable et digne de louanges, (que l’on surnomme) Aptya[6] : ami des hommes, qu’il vienne (accroître) notre renommée.

10. J’ai allumé les trois feux, et dans des vers harmonieux j’ai chanté l’enfant des Ondes, le fruit du fécond Bhoûmya[7]. Agni semble par un murmure accueillir ma présence. Sa chevelure se couronne de rayons, et il dévore le bois du bûcher.

11. Comment célébrerons-nous la grande famille de Roudra ? Comment chanterons-nous le riche et prudent Bhaga ? Puissions-nous être gardés par les Eaux, les Plantes, le Ciel, les Bois, les Collines couronnées d’arbres !

12. Qu’il entende nos prières, ce maître de la force, qui traverse l’air et court autour du monde ! Qu’elles nous entendent, ces Eaux, qui forment une foule de villes brillantes, et se groupent autour du nuage grossissant !

13. Écoutez la prière que nous vous adressons, ô grands et nobles coureurs : prenez nos meilleurs holocaustes. Tels que des oiseaux redoutables, (les Marouts) arrivent, et poursuivent de leurs traits le mortel effrayé.

14. J’ai invité à mon heureux sacrifice (les dieux) nés au ciel et sur la terre. J’ai (appelé) les Ondes. Que nos hymnes augmentent la haute étendue des mondes célestes ; qu’ils élargissent les fleuves remplis d’eau.

15. Que mon Hymne marche sur ses pieds, puissant protecteur, soutien (vigilant). Mère[8] vénérable, que la Libation, la main étendue et chargée de présents, soit bienveillante pour nous, ministres du sacrifice.

16. Par quelle prière honorerons-nous les bienfaisants Marouts au milieu de nos chants de joie ? Oui, par quelle offrande honorerons-nous les Marouts au milieu de nos cris de joie ? Qu’Ahirboudhna[9] ne nous abandonne pas à notre ennemi. Qu’il donne la mort à nos adversaires.

  1. Divo asourah.
  2. C’est-à-dire honoré trois fois, ou en trois endroits.
  3. Le fils d’Ousidj est Cakchîvân (voy. page 50, col. 1, note 2). Le sacrificateur qu’il s’est choisi, suivant le commentaire, c’est Atri. N’est-ce pas plutôt Agni ?
  4. Ce sont les nuages, ou montagnes célestes.
  5. Le mot Vasou est traduit par Vâsayitri (stabilitor). C’est le nom d’une classe de dieux.
  6. Ce mot signifie né des eaux, et il s’entend ici ou d’Agni, né au sein des libations, ou du Soleil, débarrassé des vapeurs orientales.
  7. Bhoûmya me paraît être la vapeur née de la terre, (bhoûmi) et formant le nuage. Le commentaire pense que le mot bhoûmi est synonyme d’antarikcha (l’air). Cependant Bhoûmya, à raison de son étymologie, pourrait être aussi le foyer de terre où naît le feu ; et l’enfant des Ondes serait encore ici Agni, enfant d’Ilâ et de la Libation. Bhoûmya est synonyme de Pârthiva (terrenus).
  8. Le commentaire croit que ce passage se rapporte à la Terre.
  9. Ahirboudhna est le Nuage, ou plutôt Indra, maître des nuages. Ailleurs on trouve Ahirboudhnya. Voyez page 161, col. 2, note 1.