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[Lect. II.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

au grand protecteur (des hommes, à Pardjanya)[1]. Lui, qui frappe aux flancs de sa fille[2] et produit toutes les formes, doit, pour nous, rajeunir le monde.

14. Ô chantre, que l’hymne célèbre ce maître de l’offrande[3], qui tonne et pousse des clameurs, qui va, gonflé d’eau et de pluie, et qui remplit le ciel et la terre du feu de l’éclair.

15. Que l’hymne célèbre aussi les jeunes enfants de Roudra, les robustes Marouts. J’ai le désir d’obtenir la richesse, et je chante. Loue donc ces (dieux) légers, qui ont des daims pour coursiers.

16. Que l’hymne célèbre encore la Terre, l’Air, les Astres, les Plantes, afin d’obtenir la richesse. Que tous les dieux me soient favorables. Que la Terre, notre mère, ne me livre pas à l’aveuglement d’esprit.

17. Ô dieux, puissions-nous être exempts de tout mal !

18. Marchons sous la protection des Aswins, toujours nouvelle, heureuse, fortunée. Que ces Immortels nous donnent l’opulence, une forte famille, toute espèce de biens.


HYMNE XI.
Aux Viswadévas, par Atri.
(Mètres : Trichtoubh et Écapada.)

1. Que les sept (Rivières célestes, comme sept) vaches remplies de lait, viennent à nous, rapides, bienfaisantes, (et nous apportent) leur miel (savoureux). Larges et fortunées, qu’elles livrent leurs trésors au sage, au chantre qui les appelle.

2. Mon hymne, ma prière invite à nos offrandes le Ciel et la Terre, bienfaisantes (déités). Père (auguste), mère affable, leur main est secourable, leur nom glorieux. Qu’ils viennent à nous dans nos dangers.

3. Ô prêtres qui préparez le miel de la libation, offrez à Vâyou le brillant soma. Tel qu’un sacrificateur, bois avant tous. (Bois), jusqu’à l’ivresse, de cette douce liqueur que nous te donnons.

4. Les deux mains, pourvues de dix (doigts) travailleurs, vont chercher la plante d’où s’extrait le soma ; heureusement industrieuses, elles traitent comme une victime cet enfant de la colline qui, pour notre plaisir, sous la douce pression du doigt, rend un jus savoureux et pur.

5. Ô Indra, tu peux t’enivrer de ce soma qui a été versé pour toi, (dieu) grand, robuste, ami et puissant. Réponds à notre appel, et attelle à ton char tes deux coursiers azurés, qui portent si bien leur fardeau (précieux).

6. Ô Agni, viens aussi partager nos plaisirs et goûter de notre miel savoureux ; et, par les routes que suivent les Dévas, amène-nous ton épouse, déesse noble, grande, infatigable, qui connaît le sacrifice, et qui se voit entourée de prières et d’holocaustes.

7. Que Gharma[4] prenne part au sacrifice, placé près d’Agni, comme un fils près de son père : (Gharma) que les prêtres agrandissent sous le jus onctueux qu’ils versent et qu’ils semblent brûler jusqu’à la moelle.

8. Que la Prière, grande, élevée, fortunée, aille, comme un message, appeler les Aswins. (Dieux) merveilleux, arrivez sur le même char, et entrez dans le sanctuaire de nos offrandes, comme l’essieu entre dans le moyeu de la roue.

9. J’invoque le puissant Poûchan ; je célèbre la gloire du rapide Vâyou. Ils répandent sur nous l’abondance, et par leurs libéralités ils appellent nos prières.

10. Ô (dieu nommé) Djâtavédas, je t’implore. Amène-nous tous les Marouts, quels que soient leurs noms et leurs formes. Ô Marouts, venez tous à notre sacrifice ; écoutez les prières et l’hymne du chantre. (Accourez) tous à notre secours.

11. Que l’adorable Saraswatî se rende à notre sacrifice des larges hauteurs du ciel. Que cette déesse, arrosée de notre beurre (sacré), aime notre invocation, et entende avec plaisir nos cris de fête.

12. Faites asseoir au foyer le grand et sage Vrihaspati ; honorons (ce dieu) au dos noir, aux rayons d’or, qui siége et qui brille dans l’enceinte du sacrifice.

13. Que (ce dieu) bienfaisant qui soutient (le monde) et répand au loin son éclat, invoqué par nous, vienne avec toute sa puissance. Uni à ses épouses[5], entouré des jeunes plantes, invincible

  1. Pardjanya est une forme d’Indra considéré comme le nuage donnant la vie et la forme aux choses.
  2. J’entends la mer, et non la terre, comme le voudrait le commentaire.
  3. Ilaspati. Pardjanya mérite et produit l’offrande, en envoyant l’eau à la terre.
  4. Gharma est la chaleur personnifiée, mot que j’ai rendu par feu sacré, sect. III, lect. xiv, hymn. xiv, st. 14. Le commentaire suppose que ce passage se rapporte à l’homme distingué (Mahâvîra) qui honore Agni.
  5. Ce sont les flammes (djwâlâ). Les plantes servent à nourrir le feu.