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[Lect. II.]
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RIG-VÉDA. — SECTION QUATRIÈME.

17. Pour obtenir une famille riche en troupeaux, ô dieux, voilà qu’un mortel vous adresse sa prière. Oui, ô dieux, un mortel vous adresse sa prière. Que Nirriti[1], laisse en ces lieux une heureuse santé, et ne dévore que ma vieillesse.

18. Ô dieux, ô Vasous, puissions-nous obtenir de votre bienveillance cette abondance qui donne la force, pour prix des hommages que nous rendons à la Vache (du sacrifice) ! Que cette déesse[2], douce et bienfaisante, vienne à nous et fasse notre bonheur !

19. Qu’Ilâ[3], mère des troupeaux (divins), qu’Ourvasî[4], avec les Fleuves, daignent nous accueillir ; Ourvasî, qui brille au loin dans le ciel, qui d’un (doux) murmure accompagne (l’œuvre sainte), et couvre (de sa splendeur) l’offrande d’Ayou !

20. Que (cette Ourvasî) répande sur nous ses dons en faveur de notre roi Ourdjavya !


HYMNE X.
Aux Viswadévas, par Bhômatri.
(Mètres : Trichtoubh et Écapada.)

1. Que la Prière, brillante et fortunée, célèbre Varouna, Mitra, Bhaga et Aditi. Qu’il nous entende, (le dieu) vivifiant, et libre dans sa course, naissant au sein de la pluie, père des cinq esprits vitaux[5], auteur de la prospérité.

2. Qu’Aditi m’accueille, comme une mère (accueille) son fils, et que ma prière aille jusqu’à son cœur pour y être conservée. J’adresse à Mitra et à Varouna le culte fortuné qui plaît aux dieux.

3. (Ô chantre), invoque le plus sage d’entre les sages. Et vous, arrosez-le de beurre et du miel (des libations). Que le divin Savitri nous donne des biens nombreux, utiles, agréables.

4. Indra, traîné par deux chevaux azurés, tu nous conduis au bonheur, (touché) de nos prières, de nos libations, de (la piété) de nos maîtres généreux, (charmé) de nos cérémonies et de la faveur que nous accordent les adorables Dévas.

5. Que le divin Bhaga, que Savitri, (père) de la richesse, qu’Ansa et Indra, vainqueurs de Vritra, et possesseurs de ses biens, que Ribhoukchâs, Vâdja, Pourandhî[6], que (tous ces dieux) immortels et rapides nous conservent.

6. Chantons les exploits du (dieu) fort, triomphant, invincible, allié des Marouts. Maghavan, parmi les anciens et les autres, parmi les modernes, aucun n’a possédé ta force.

7. Célèbre en premier lieu Vrihaspati, qui donne la richesse et distribue les trésors ; favorable pour celui qui le chante et l’honore par la prière et le sacrifice, il vient à lui avec de grands présents.

8. Avec ton secours, ô Vrihaspati, les (hommes) deviennent riches, invincibles, ornés d’une belle famille. L’opulence appartient à ceux qui n’usent de leur fortune que pour donner des chevaux, des vaches, des étoffes.

9. Rends caduque l’opulence de ceux qui jouissent, sans nous demander nos hymnes. Que ces impies, dont la race s’élèverait dans le monde, que ces ennemis de notre culte soient par toi enlevés à la face du Soleil.

10. Ô Marouts, reléguez avec ceux qui ne voient pas le disque (du soleil) (l’homme) qui admet les Rakchasas à la table des dieux. Il s’expose à perdre ses sueurs et à s’épuiser en vains désirs, celui qui blâme le zèle de votre chantre.

11. Célèbre le (dieu) qui possède une bonne flèche, un bon arc, qui est le maître de toutes les plantes. Sacrifie au grand, au clément Roudra. Honore par tes invocations ce divin Asoura[7].

12. Que les ouvriers du (dieu, appelé) Damoûnas, (ouvriers) à la main industrieuse[8] ; que les larges Rivières, épouses (du dieu) qui donne l’abondance[9], que Saraswatî, qui répand au loin sa clarté, que Râcâ[10], (déesses) brillantes et généreuses, nous accordent les biens désirés.

13. J’apporte un hymne nouveau, à peine né,

  1. Voy. page 54, col. 2, note 4.
  2. Je crois que cette déesse est la vache du sacrifice, c’est-à-dire la flamme d’Agni. Cependant ce pourrait être la déesse de l’abondance, de l’offrande, appelée It dévatâ, ou bien Ilâ.
  3. Ilâ est ordinairement la terre, sous la forme de vache ; elle est fille de Manou. Ilâ est encore la déesse de l’hymne, Vâgdévatâ. Nous avons vu aussi qu’Ilâ est le foyer de terre qui porte le feu. Considérée comme la terre, les troupeaux, dont elle est la mère, sont ceux qui couvrent naturellement sa surface. Si l’on regarde Ilâ comme déesse du sacrifice, ces troupeaux sont alors ceux que j’appelle les vaches du sacrifice, c’est-à-dire les Libations ou les flammes d’Agni.
  4. Ourvasî est la libation personnifiée.
  5. Pantchahotri, traduit comme s’il y avait Pantchaprâna. On entend encore ce mot de cette manière : qui accomplit les cinq sacrifices (Pantchahomasya Sâdhacah).
  6. C’est un des noms de la Prière.
  7. Asoura, spiritûs dator.
  8. Ce sont les Ribhous, qui ont fabriqué des chars et des vases, formé des chevaux, des vaches, etc.
  9. Le commentaire dit que c’est Roudra.
  10. Voy. page 184, col. 2, note 1.