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[Lect. IV.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

pénétrante, adorable, ornée de beaux bracelets, robuste et agile, célébrée dans nos sacrifices et se plaisant dans l’agitation.

2. Ô Évayâmarout, les Marouts naissent pour la grandeur et la sagesse ; voilà, ce que disent (les hommes). En entendant cet éloge, ô Marouts, vous sentez votre force invincible ; et cette force, grande et généreuse, vous rend aussi solides que les montagnes.

3. Ô Évayâmarout, on les entend du haut du ciel ; leur voix (a retenti) au loin ; ils sont brillants, ils sont bons ; ils règnent en souverains dans leur domaine, tels que des feux éclatants, et déchaînent les torrents.

4. Ô Évayâmarout, (le char des Marouts) s’attelle de lui-même, et s’avance au loin sur cette grande surface qui est leur demeure ; et ces grands (dieux), à l’envi l’un de l’autre, semant les biens sur leur passage, poussent leurs rapides coursiers.

5. Ô Évayâmarout, ce char est brillant, fécond et rapide. Puissions-nous, (ô Marouts), entendre le bruit retentissant qui vous accompagne quand, pour l’ornement (du monde, vous arrivez), agiles et triomphants, couverts d’armes resplendissantes, entourés de rayons solides et de reflets dorés !

6. Ô Évayâmarout, que cette puissance brillante devienne protectrice ! Ô Marouts, croissez en force, et déployez votre invincible grandeur. Arrêtez-vous à la vue de notre sacrifice ; restez avec nous, et, tels que des feux étincelants, délivrez-nous du méchant.

7. Ô Évayâmarout, que ces enfants de Roudra, honorés par de bons sacrifices, pareils à des feux puissants, soient nos protecteurs ! Le large séjour de la (céleste) Prithivî s’étend pour eux, et dans cette vaste carrière s’exercent les forces de ces admirables athlètes.

8. Ô Évayâmarout, que la voix du poëte soit entendue ! Venez, ô Marouts, et montrez-vous nos amis. Compagnons du grand Vichnou, combattez comme de fiers conducteurs de chars, et repoussez nos ennemis dans leur obscurité.

9. Ô Évayâmarout, que les Rakchasas s’éloignent de toi ! Ô (Marouts), qui par vos œuvres méritez nos hommages, venez à notre heureux sacrifice ; écoutez nos invocations. (Dieux) sages, élevez-vous dans le ciel comme de superbes montagnes, et ne supportez pas les injures du méchant[1].


HYMNE XXVI.
À Agni, par Bharadwâdja.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Illustre Agni, sois le premier à connaître nos prières ; (deviens) notre sacrificateur. (Dieu) libéral, donne-nous une force capable de triompher de toute autre force.

2. Pontife vénérable, avide de nos offrandes et digne de nos éloges, assieds-toi sur ton trône de terre ; les (hommes) pleins de respect pour les dieux, et empressés de les honorer pour obtenir la richesse, viennent t’invoquer en premier lieu, ô maître puissant.

3. Oui, les (hommes), s’éveillant pour te rendre hommage, viennent vers toi, opulent Agni, (dieu) brillant, illustre, magnifique, qui vas semant les trésors sur ta route, engraissé de nos offrandes, entouré chaque jour de flammes étincelantes.

4. Les (mortels) qui désirent ton secours s’approchent de ton foyer divin, et t’honorent par de pures offrandes. Ils t’invoquent sous plusieurs noms adorables, et jouissent avec bonheur de ta présence fortunée.

5. Les peuples viennent près de ton trône de terre t’apporter leurs doubles[2] offrandes. Tu es digne de nos prières ; tu nous fais traverser heureusement (la vie) ; tu es pour les hommes un père, une mère (tendre).

6. L’adorable Agni est cher aux nations qui l’honorent. Sacrificateur aimable et digne de respect, il siége parmi nous. Venons avec vénération fléchir le genou devant un (dieu) tel que toi, qui brilles dans le foyer.

7. Ô Agni, remplis d’une pieuse dévotion, nous nous approchons de toi ; nous te chantons, en te présentant nos vœux et nos offrandes. Ô Agni, c’est toi qui, brillant du haut du ciel, conduis les nations à la clarté du grand (astre).

8. Maître prudent des peuples, patron et bienfaiteur des générations qui se succèdent, Agni vient vers nous, adorable, purifiant (le monde), cherchant nos offrandes et régnant sur la richesse.

9. Ô Agni, le mortel qui t’honore par ses sacrifices et ses hymnes, qui jette son holocauste sur

  1. Ici se termine le cinquième mandala, connu sous le nom d’Atri. Le sixième mandala va commencer, et porte le nom de Bharadwâdja. À la fin du cinquième mandala, un manuscrit intercale quatre vargas en l’honneur de Srî. Nous ne les avons pas reproduits : ils manquent dans le commentaire.
  2. Les offrandes consistent en libations et en mets.