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[Lect. V.]
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RIG-VÉDA. — SECTION QUATRIÈME.

louanges. (Dieu) toujours jeune et nouveau, sage, bon et désirable, il nous envoie les biens vers lesquels se dirigent tous nos vœux.

2. Par toi, ô sacrificateur, couronné de mille rayons, les (autres dieux) dignes de nos hommages reçoivent de nombreuses offrandes. Tu es comme une terre (fertile), qui produit pour tous les êtres, purifiés par toi, les biens qu’ils peuvent souhaiter.

3. Viens avec éclat siéger au milieu de ce peuple ; sois comme un char qui nous apporte des trésors. Sage possesseur de tous les biens, tu envoies à ton serviteur, de ce (trône où tu brilles), les richesses qu’il te demande successivement.

4. Ami généreux, protecteur ardent, brûle de tes rayons pénétrants, perce de tes flammes actives l’ennemi qui nous attaque, le traître qui s’approche de nous pour nous frapper.

5. Ô immortel fils de la Force, le sage qui t’a honoré par les feux du sacrifice, par des hymnes, des prières, brille au milieu des mortels par son opulence, sa gloire, sa puissance.

6. Ô robuste Agni, exauce nos vœux. Pars avec rapidité, et va par ta force accabler nos ennemis. Quand la piété nourrit tes rayons, et prodigue en ton honneur les pompeuses paroles, aime et reconnais la voix de ton chantre.

7. Avec ton secours, ô magnifique Agni, puissions-nous voir nos vœux accomplis ! Puissions-nous jouir d’une forte et mâle opulence ! Nous désirons l’abondance : puissions-nous l’obtenir ! (Dieu) impérissable, puissions-nous avoir des biens non moins impérissables que toi !


HYMNE V.
À Agni, par Bharadwadja.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Un (mortel) qui désire par un sacrifice nouveau obtenir les secours dont il a besoin vient honorer le céleste fils de la Force, le sacrificateur brillant qui brise le bois (du bûcher) et marque sa voie d’une trace noire.

2. Agni élève dans l’air sa flamme blanchâtre et bruyante. Ses feux murmurants renouvellent et perpétuent sa jeunesse. Le maître de la pureté grandit ; il poursuit, il dévore l’épaisse ramée qu’on lui livre.

3. Ô Agni, ô (dieu) pur, tes flammes, pures comme toi, repoussées par le vent, s’élancent de différents côtés. Issues du bûcher, ces (flammes) célestes et nouvelles[1] s’attachent aux bois du foyer, qu’elles rongent de leur (dent) aiguë.

4. Ô brillant (Agni), tes rayons éclatants ressemblent à des coursiers libres et sans frein qui tondent la prairie. À tes splendides lueurs tu ouvres une large carrière, et leur voie s’élève à la hauteur de Prisni[2].

5. Ainsi la langue de ce (dieu) fécond se joue au milieu des vaches (du sacrifice), comme la foudre du belliqueux Indra (au milieu des vaches célestes). Telle que le lacet du guerrier, la flamme d’Agni, formidable et invincible, saisit le bois du bûcher.

6. Ton rayon a été comme le guide, armé du grand aiguillon[3], qui t’a ouvert les domaines terrestres. Frappe de toute ta force sur l’ennemi qui ne connaît pas la crainte ; abats l’orgueilleux, terrasse le méchant.

7. (Dieu) admirablement beau, doué d’une puissance singulière, donne-nous une abondance étonnante et merveilleusement variée. Donne à celui qui te célèbre par de pompeuses louanges une large, superbe et mâle opulence.


HYMNE VI.
À Agni, par Bharadwadja.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Agni, (surnommé) Vêswânara, est l’enfant du sacrifice ; il a la tête dans le ciel et le pied sur la terre. Il est sage, il est roi ; il est l’hôte des mortels, et les Dévas l’ont produit pour déposer dans sa bouche l’holocauste.

  1. Le commentateur traduit ainsi le nom Navagwa (noûtanagamana). Cette épithète a été jusqu’à présent appliquée à une classe de Richis qui concourent au sacrifice, et plusieurs explications en ont été données, qui diffèrent de celle-ci. Peut-être vaudrait-il mieux traduire allumées par les Navagwas. Voy. page 80, col. 1, note 6.
  2. Nous doutions dans les notes précédentes de l’application que l’on devait faire du mot Prisni. Nous savons maintenant qu’il y a une terre, une Prithivî céleste, et que cette Prithivî, mère des Marouts, porte aussi le nom de Prisni.
  3. C’est le totra ou trodana, dard avec lequel on frappe l’éléphant pour le faire avancer. Il semble que le conducteur doit porter le nom de Toda.