Page:Langlois - Rig Véda.djvu/321

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
[Lect. V.]
313
RIG-VÉDA. — SECTION QUATRIÈME.

contre l’adversité, maître de la piété, et devant lequel tremblent les ennemis en voyant sa force.

5. Le divin Agni, aussi prudent que sage, protégera contre la malice (de ses adversaires) le mortel dont la munificence a pour les offrandes ouvert tous ses trésors.

6. Ô dieu, qui as (pour nous) la bonté d’un ami, ô Agni, (placé) entre le ciel et la terre, porte aux autres dieux notre prière. Conduis vers un bonheur solide les hommes qui brillent (de tes feux). Puissions-nous triompher de nos ennemis, et du péché, et des maux (de la vie) ! Oui, avec ton secours, puissions-nous triompher de tous les maux !


HYMNE XIV.
À Agni, par Vitahavya, fils d’Angiras, ou Bharadwâdja.
(Mètres : Djagatî, Sakvarî, Atisakvarî, Anouchtoubh, Trichtoubh et Anouvrihatî.)

1. En votre nom (le poëte) chante le (dieu) hôte (des hommes) et maître de tous les peuples. (Agni) s’éveille avec l’Aurore. Tantôt il arrive, brillant enfant du Ciel ; tantôt, fils de l’Aranî, il reste pour manger l’ambroisie (du sacrifice).

2. Les Bhrigous l’ont, comme un ami digne de nos hymnes, placé sur le bûcher, où il dresse sa flamme. (Dieu) admirable, chaque jour tu es chanté par Vîtahavya[1], qui te charme de ses accents flatteurs.

3. Tu es le généreux protecteur de l’homme pieux ; tu sais triompher de l’ennemi puissant qui ose s’approcher de toi. Ô fils de la Force, donne-nous l’éclat de l’opulence, et, parmi les mortels, sois libéral pour Vîtahavya, sois libéral pour Bharadwâdja.

4. Ainsi, en votre nom, (le poëte) chante le brillant Agni, l’hôte (des hommes), le maître de la lumière, le prêtre de Manou, (le bienfaiteur) honoré par le sacrifice, le sage qui semble parler du haut d’un siége radieux, le porteur de nos holocaustes, le dieu descendu (sur la terre).

5. (Le poëte chante cet Agni) qui sur (son foyer) de terre brille d’une flamme pure et animée, comparable aux splendeurs de l’Aurore ; qui sur sa route renverse (ses ennemis) comme dans le combat d’Étasa[2], et semble brûler d’une soif inextinguible.

6. Allumez les feux d’Agni, et chantez votre hôte chéri dans ses divers foyers. Honorez par vos hymnes ce dieu immortel, qui, plus que les autres dieux, estime nos hommages.

7. J’honore, et par mon hymne et par les feux du foyer où je l’établis fermement, cet Agni qui est pur et purifiant. Nous invoquons, en lui présentant nos offrandes, ce sacrificateur éclairé, cet opulent ami, ce sage qui possède tous les biens.

8. Ô Agni, (les hommes) t’ont, d’âge en âge, adopté pour être leur immortel messager, le porteur de leurs holocaustes, leur protecteur adorable. Les Dieux et les mortels vénèrent en toi le maître des nations, fort et vigilant.

9. Ô Agni, par tes œuvres tu fais l’ornement des deux races (divine et humaine). Héraut des Dieux, tu parcours le ciel et la terre. Si pour toi nous chantons l’hymne et célébrons l’œuvre (sainte), ô toi qui as trois demeures, deviens-nous favorable.

10. Dans notre (humble) ignorance, nous voulons honorer le plus sage (d’entre les dieux), celui qui a le corps le plus beau, l’œil le plus clairvoyant, la démarche la plus rapide. Que le prudent Agni nous accorde tous les biens, et qu’il aille annoncer aux Immortels notre holocauste.

11. Ô sage et vaillant Agni, tu protéges, tu combles de tes faveurs, tu remplis et de force et de richesses celui qui, en ton honneur, poursuit l’œuvre (sainte), qui commence et achève noblement le sacrifice.

12. Ô puissant Agni, garde-nous contre la méchanceté d’un ennemi. Qu’une offrande pure, que mille et mille présents, dignes d’envie, se dirigent vers toi.

13. Agni, le sacrificateur, le maître de maison, le roi possesseur de tous les biens, connaît chacun des êtres. Parmi les Dieux et les mortels, c’est lui qui mérite le mieux nos hommages. Que ce (dieu) juste soit notre pontife.

14. Pur et brillant Agni, ministre de nos sacrifices, accomplis aujourd’hui le vœu de tes serviteurs. Tu es notre prêtre : remplis ta fonction sainte avec la grandeur qui te distingue. Ô (dieu) toujours jeune, porte les holocaustes que nous te confions aujourd’hui.

15. Regarde ces mets qui sont disposés pour

  1. Je crois que le mot Vîtahavya (chargé d’holocaustes) est un surnom de Bharadwâdja, à moins de supposer que Vîtahavya est le maître de maison, et Baradwâdja le Richi ou prêtre.
  2. Voy. page 241, col. 1, note 1.