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[Lect. V.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

toi. Qu’il t’obtienne (à son foyer, le serviteur) qui veut honorer le Ciel et la Terre. Ô magnifique Agni, conserve-nous dans le combat. Fais-nous triompher de tous les maux ; fais-nous triompher, oui, fais-nous triompher par ton secours.

16. Ô rayonnant Agni, viens le premier, avec tous les Dieux, t’asseoir à ce foyer couvert d’un tapis (lumineux), disposé pour être comme le nid (de l’oiseau céleste), et arrosé de ghrita. Conduis le sacrifice pour le bonheur du maître qui verse le soma.

17. Les sages, comme (l’antique) Atharwan, agitent (dans l’Aranî) ce sage Agni, qu’ils produisent faible et rampant à (la fin de) la nuit.

18. Nais pour le sacrifice, pour l’offrande sainte, pour la bénédiction (du monde). Amène les Dieux immortels qui grandissent de nos hommages, et fais qu’ils puissent toucher nos holocaustes.

19. Ô Agni, ô maître de maison, à la face du peuple, nous t’avons fait grand avec le bois du bûcher. Que le char de nos sacrifices se trouve surchargé de biens variés et nombreux ! Puissions-nous sous l’éclat de ton rayon briller pour le bonheur !


HYMNE XV.
À Agni, par Bharadwâdja.
(Mètres : Gâyatrî, Anouchtoubh et Trichtoubh.)

1. Ô Agni, tu es notre prêtre dans tous les sacrifices ; tu es avec les autres Dieux l’ami des enfants de Manou.

2. Avec tes douces langues (de flamme) viens remplir ton office de sacrificateur. Amène et honore les Dieux.

3. Ô sage et divin Agni, ô (dieu) plein de force, tu connais les voies et chemins du sacrifice.

4. Je te chante ; je te présente pour mon bonheur la double offrande. J’honore par le sacrifice (un dieu) digne d’être honoré.

5. Envoie du haut du ciel à ton serviteur Bharadwâdja de riches trésors pour prix de ses libations.

6. Messager immortel, amène ici la race des Dieux, à la voix du sage qui te loue.

7. Ô Agni, les mortels dans leurs invocations pieuses et leurs pompes sacrées, te célèbrent comme un dieu (protecteur).

8. Je veux honorer ta magnificence, qui brille à tous les yeux, et que tous les hommes célèbrent avec bonheur.

9. Tu es le sacrificateur choisi par Manou ; dans ta bouche se dépose l’holocauste. Ô prudent Agni, honore la race céleste.

10. Agni, viens à nos cérémonies, attiré par nos chants, pour recevoir l’holocauste. Prêtre, place-toi sur le gazon sacré.

11. Ô Angiras[1], je veux allumer tes feux et t’engraisser de ghrita. Ô (dieu) toujours jeune, jette au loin ton éclat.

12. Ô divin Agni, c’est toi qui nous donnes une noble abondance, une force invincible.

13. Ô Agni, Atharwan[2] t’a extrait du Pouchcara, premier berceau (d’un dieu) qui est partout, qui porte tout.

14. Le Richi Dadhyantch[3], fils d’Atharwan, a excité tes feux, ô vainqueur de Vritra, qui brises les villes (aériennes).

15. Le généreux Pathya[4] a aussi enflammé tes rayons, ô vainqueur intrépide du Dasyou, qui vas dans les combats conquérir les trésors.

16. Viens, Agni ; je veux chanter et répéter tes louanges. Que ces libations augmentent ta grandeur !

17. Tu donnes à celui que tu favorises une force supérieure ; tu établis chez lui ta demeure.

18. Ô toi qui es le protecteur des hommes, que ton éclat ne blesse point nos yeux. Daigne te plaire à nos cérémonies.

19. Qu’il vienne (vers nous), cet Agni, qui porte (nos holocaustes), qui donne la mort à Vritra, qui a versé ses biens sur Divodâsa, qui est le maître de la piété.

20. Qu’il nous donne l’opulence ; qu’il (nous dispense) tous les biens terrestres ; invincible, invulnérable, qu’il triomphe avec grandeur (de ses ennemis).

  1. Nom d’Agni.
  2. Atharwan est le nom d’un ancien Richi. Voyez page 90, col. 1, note 1. Je pense qu’Atharwan est le nom particulier donné au prêtre chargé de l’Aranî, et qu’ici ce mot est le nom du Rite personnifié par lequel Agni était formé par le frottement de deux pièces de bois. Suivant moi, le Pouchcara est l’ouverture pratiquée sur l’une de ces pièces, et dans laquelle on introduit l’autre. C’est une espèce de matrice, où repose Agni. Je remarque que ce vers renferme deux mots qui ont pu donner lieu à la fable de Dadhyantch : c’est moûrddhan, qui signifie tête et vaghan, qui peut avoir le sens de cheval.
  3. Voy. page 90, col. 1, note 2, et page 92, col. 1, note 1. Dadhyantch me semblerait être l’offrande de lait caillé personnifiée sous la forme d’un Richi.
  4. Le commentaire fait un Richi, auquel il donne le nom de Pâthya Vrichan. Je pense que pâthya, adjectif formé de pâthas(boisson), est un nom donné au Richi qui personnifie la libation, peut-être celle du soma. Nous avons vu ailleurs que Vrichan signifie libation.