Page:Langlois - Rig Véda.djvu/39

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c’est le soleil dans sa force, dans sa puissance, dans sa domination, indépendamment de ses bienfaits et de ses œuvres.

Telle est même l’influence qu’on prête, dans les hymnes védiques, à l’astre souverain, que Eug. Burnouf n’a pas hésité à présenter Indra comme le symbole de l’énergie atmosphérique du soleil. Or il explique sa pensée en termes si exacts et si poétiques à la fois, que nous prendrons la liberté, au bénéfice de nos lecteurs, d’emprunter à sa judicieuse et profonde étude du Véda, ce morceau si remarquable :

« J’appelle Indra la puissance météorique du soleil ; Ahi, Sushna, Vritra, le nuage sous ses aspects ; Marouts, les vents déchaînés. Indra ne va-t-il pas jouer dans les airs le même rôle qu’un roi puissant à la tête de son armée ? C’est le dieu de la lutte par excellence : on l’appelle Indra de la racine Ind, régner, Arya comme les nobles seigneurs du temps, Sousipra, au beau nez, pour distinguer le chef, par ce signe de noblesse, des ennemis au nez aplati, que l’on appelait Dasyous, et que l’on nomme ici Dânavas, on le nomme Hchattriya, comme les princes féodaux ; on le nomme Râja, car il est vraiment le roi des cieux ; il est Div, c’est-à-dire paré de vêtements brillants ; il est Çakra, c’est-à-dire puissant. Voici maintenant son cortège et son œuvre, comme le Véda nous les présente.

« Quand la nuit touche à son terme, une fine lueur se répand d’en haut et commence à rendre visibles les silhouettes des arbres et des collines. L’âne s’éveille le premier et donne avis à toute la nature que le roi du ciel est en route et qu’il approche. C’est cette bête, si belle dans les contrées du midi, et dont la nôtre n’est qu’une grotesque dégradation, que les Aryas ont donnée pour attelage aux cavaliers célestes, aux deux Açwins véridiques, courriers matinaux et médecins vigilants, qui viennent, avec la clarté pour remède, guérir la nature entière des maux et des erreurs de la nuit. »

Ô Açwins, écoutez l’hymne que chantait en votre honneur un homme errant dans les ténèbres, hymne que j’ai répété en recouvrant la vue par votre protection, auteurs de tout bien.

(Caxivan, i, 241.)

Avec vos coursiers aux ailes d’or, rapides, doux, innocents, s’éveillant avec l’aurore, humides de rosée, heureux et disposés à faire des heureux, venez à nos sacrifices, comme les abeilles au miel.

Vos rayons avec le jour repoussent les ténèbres et projettent au loin dans l’air des lueurs brillantes. Le soleil attelle ses coursiers.

(Vamadéva, i, 191.)

« Le char des Açwins a trois sièges, sur un desquels est placée la fille du soleil, Arjunî, cette charmante lumière, que le regard des dieux suit avec un pur amour ; la jeune et aimable fille est emportée par eux dans leur course circulaire.

« Alors apparaît l’Aurore, sœur de la Nuit ; elle est sur un char éclatant ; rougeâtre, elle ouvre les portes rougeâtres de l’Orient ; elle s’avance, elle s’étend, elle remplit le monde de clarté.

Ousha se dévoile, comme une femme couverte de parure, elle semble se lever et se montrer à la vue, comme une femme qui sort du bain. Elle a tissé la plus belle des étoiles ; et toujours jeune elle précède a l’orient la grande lumière.

(Satyasravas, ii, 375.)