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[Lect. I.]
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RIG-VÉDA. — SECTION SIXIÈME.

l’honneur de Varouna, de Mitra, d’Aryaman, de Bhaga, des (dieux) Véridiques.

17. Ô Dieu sage, ô bienveillant Agni, les sages animés par une pieuse pensée t’ont placé pour surveiller les hommes.

18. Ce sont eux qui en ton honneur, (ô Dieu) brillant et fortuné, ont établi un sanctuaire, des invocations, des offrandes ; eux qui, en t’inspirant le désir de leurs libations, ont su mériter tes bienfaits.

19. Qu’Agni, invoqué par nous, nous soit propice ! Ô (Dieu) fortuné, que nos offrandes, notre sacrifice, nos hymnes nous soient propices !

20. Inspire-toi d’une heureuse résolution pour frapper Vritra et vaincre dans les combats. Abats l’insolence de tes superbes (adversaires). Nous voulons t’honorer par des sacrifices.

21. Je chante ce maître installé par Manou, ce messager envoyé par les Dévas, ce pontife, ce porteur de l’holocauste.

22. Avec tes chants tu présentes ton offrande au brillant Agni, toujours jeune et resplendissant. Honoré par notre ghrita, invoqué par nos hymnes, Agni nous forme lui-même une forte maison.

23. Attiré par notre ghrita, Agni élève la voix, et, tel que l’Asoura (céleste)[1], il étend sa forme de tout côté.

24. Ce dieu entouré de sacrifices, ce prêtre immortel que Manou a institué, reçoit dans sa bouche odorante les holocaustes, et il répand ses trésors.

25. Ô Agni que j’invoque, enfant de la Force, doué d’un bienveillant éclat, si tu deviens mortel[2], fais que je sois immortel.

26. Ô fort et adorable Agni, je ne crois pas que tu aies à me reprocher aucune faute, aucun péché. Le poëte que j’ai chargé de te louer est éclairé ; ce n’est ni un méchant, ni un pécheur.

27. (Agni est) dans la maison du sacrificateur de même qu’un enfant dans la maison d’un père. Que notre holocauste monte jusqu’aux dieux.

28. Ô Agni, notre soutien, que les secours d’un dieu tel que toi fassent le bonheur d’un mortel tel que moi.

29. Ô Agni, qui es notre soutien, par mes œuvres, par mes dons, par mes louanges, je veux te plaire, toi que l’on dit éclairé. Mets ton plaisir à me combler de tes dons.

30. (L’homme) que tu as choisi pour ami, ô Agni, grandit par tes secours, qui lui donnent l’abondance et une forte famille.

31. (Ô Dieu) qu’arrose (la libation), dans ton foyer s’allume ta flamme docile, au moment favorable. Tu es l’ami des grandes Aurores, et tu brilles le jour et la nuit[3].

32. Enfants de Sobhari, nous venons à toi, qui es doué de mille rayons énergiques, (Dieu) protecteur (dont nous implorons) le secours, (Dieu) resplendissant qui (jadis fut un présent) de Trasadasyou[4].

33. Ô Agni, tes feux placés l’un près de l’autre sont tels que les rameaux (d’un même arbre). Au milieu du peuple, j’attise leur ardeur, et je réunis leurs rayons, qui sont comme autant de sages (autour du foyer).

34. Bons et généreux Adityas, (celui de vos riches serviteurs que vous conduisez à travers (la vie) (est le plus heureux) des mortels.

35. (Dieux) rois et vainqueurs, (venez) près de celui qui habite chez les enfants de Manou. Ô Varouna, Mitra, Aryaman, puissions-nous vous voir sur le char de notre sacrifice !

36. Le fils de Pouroucoutsa, Trasadasyou, ce magnifique Arya, ce maître de la piété, m’a donné cinquante vaches[5].

37. Que le riche et noble Syâva, en récompense de mes offrandes au tîrtha de la Souvâstou[6], me fasse aussi amener deux cent dix vaches.


HYMNE IX.
Aux Marouts, par Sobhari.
(Mètres : Cacoubh, Vriahtî et Dwipadâ.)

1. (Dieux) rapides et animés d’un même esprit, venez avec bonté. Ne vous éloignez pas, vous qui faites courber les êtres les plus forts.

2. Ô grands[7] Marouts, enfants de Roudra, venez aujourd’hui à notre sacrifice sur vos (chars) brillants, aux roues solides. (Apportez-nous) l’abondance, (Dieux) que tous les hommes désirent, et joignez-vous aux enfants de Sobhari.

3. Nous connaissons la force terrible des fils de Roudra, de ces puissants Marouts qui lancent l’onde rapide et pénétrante.

4. Ils se précipitent sur les mondes, d’autant

  1. C’est-à-dire le soleil.
  2. Agni, en prenant la forme du feu, devient mortel : car le feu s’éteint. Le poëte a cédé ici à son habitude ordinaire de l’antithèse.
  3. Il faut entendre : le matin et le soir.
  4. Voy. section iii, lecture vii, hymne vi, stance 1, et page 110, col. 1, note 11.
  5. Le texte dit simplement : vadhou, femme. Ce sont des vaches ou des juments.
  6. Rivière.
  7. L’épithète est Ribhoukchanah.