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[Lect. II.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

9. Ô Indra, ô toi que le monde implore et qui te balances dans les airs[1], ta force est infinie, et tes bienfaits assurés pour ton serviteur.

10. Ô adorable et vaillant Maghawan, verse sur nous tes précieux trésors. Croîs pour être grand, fort et libéral.

11. Ô Maghavan, armé de la foudre, nos hymnes ont pu s’adresser (jadis) à un autre que toi. Confirme par tes secours notre confiance (d’aujourd’hui).

12. Ô (Dieu) adorable qui te joues dans les airs, un autre ne saurait l’égaler pour l’opulence, la richesse, la puissance et la force.

13. Versez la libation en l’honneur d’Indra. Qu’il prenne le miel du soma. Il en aura plus de grandeur, plus de magnificence.

14. Je te chante, ô maître des coursiers, robuste et libéral. Écoute mes paroles, (écoute) le fils de Vyaswa[2] qui te loue.

15. Jamais il n’est né un être plus fort que toi, plus remarquable par sa richesse et sa vaillance, plus digne d’être honoré.

16. Ô prêtre, fais la joie de ce (dieu) en lui présentant le miel (de la libation) ou la nourriture (sacrée). Et toi, ô Dieu, fais aussi le bonheur de ton chantre.

17. Ô Indra, qui diriges les coursiers azurés, ô toi que les anciens ont célébré, il n’est personne qui l’emporte sur toi en puissance et en gloire.

18. En votre nom nous invoquons, (les mains) chargées d’offrandes, ce maître de l’abondance, dont de justes sacrifices augmentent la grandeur.

19. Que (le prêtre et le père de famille) s’avancent. Amis, louons Indra, ce héros adoré, qui, par sa force incomparable, triomphe de tous ses ennemis.

20. À (ce dieu) qui habite le ciel, qui recherche et délivre les vaches (célestes), offrez la noble Prière, plus douce que le miel et le beurre (sacré).

21. Ses prouesses sont innombrables ; sa puissance, invincible. Sa magnificence s’élève au-dessus de tout, telle que l’astre du jour.

22. Comme le faisait Vyaswa, loue[3] Indra invincible et robuste. Maître puissant, il accorde à son serviteur de glorieux présents.

23. Ô fils de Vyaswa, chante le plus jeune comme le plus ancien[4] des êtres, toujours sage, toujours adorable.

24. Ô (Dieu) dont la main est armée de la foudre, tu chasses les enfants de Nirriti[5], comme le soleil chaque jour (chasse les ténèbres) qui l’assiégent[6].

25. Ô puissant Indra, secours ton serviteur ; prête-nous (cette arme) avec laquelle tu as deux fois sauvé Coutsa.

26. Ô (Dieu) puissant et honoré, nous t’invoquons dans le danger. Tu peux vaincre tous nos ennemis.

27. Ô (Dieu) riche en présents, tu as brisé l’arme mortelle du brigand. Tu nous délivres du féroce (Râkchasa), tu (nous sauves) du mal, et nous envoies (l’onde) des sept rivières.

28. Ô fortunée et féconde (Aurore), de même que tu as favorisé de tes dons opulents Souchâman, (fils de) Varou[7], favorise aussi les enfants de Vyaswa.

29. Que la munificence d’un (prince) généreux vienne sur les enfants de Vyaswa qui verse le soma. (Qu’ils obtiennent de lui), par centaines, par milliers, des présents solides.

30. Aurore, en quelque lieu que tu sois honorée, si le sacrifice t’interroge, (réponds) : « Un roi puissant habite au loin sur les bords de la Gomatî[8]. »


HYMNE V.
À Mitra et Varouna, aux Viswadévas, par Vyaswa.
(Mètre : Ouchnih.)

1. Gardiens du monde. Dieux adorables entre les autres dieux, justes et doués d’une sainte vigueur, je vous honore tous les deux.

2. (Je vous honore), ô Mitra, ô puissant Varouna, nobles enfants (d’Aditi), qui, toujours fermes dans vos œuvres, ressemblez à des conducteurs de chars remplis de trésors.

  1. Nritou, danseur.
  2. Je regarde le mot aswya comme synonyme de fils de Vyaswa.
  3. Le commentateur suppose que cette invitation s’adresse à Viswamanas, fils de Vyaswa.
  4. Je suis bien éloigné du sens du commentateur, qui dans l’adjectif nava semble voir un nom de nombre, et dans le mot tcharanya un synonyme de prâna. J’ai rendu à nava son sens ordinaire : j’ai considéré l’adjectif dasama comme exprimant l’âge le plus avancé de la vie, et j’ai ainsi trouvé la traduction que j’ai donnée de ce passage.
  5. Génie du mal.
  6. Suivant le commentaire, ce seraient des oiseaux qu’il faudrait ici substituer.
  7. Voy. page 447, col. 2, note 1.
  8. La Goumtî.