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[Lect. VII.]
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RIG-VÉDA. — SECTION SIXIÈME.

3. Vous voulez être forts ; apportez à Indra un éloge vrai comme son existence. « Indra n’est pas, » (dit) un (incrédule)[1]. Mais Néma affirme le contraire. Je l’ai vu. Chantons (Indra).

4. (Indra parle). « C’est moi, ô chantre ! regarde-moi. J’emplis le monde de ma grandeur. Les maîtres du sacrifice exaltent mes forces, et alors je brise et déchire les villes (célestes). »

5. « Quand mes amis, accompagnés de leurs disciples, me placent et m’élèvent sur la flamme d’un agréable sacrifice, mon cœur répond au cri de leur âme et aux transports de leurs hymnes. »

6. Ô magnifique Indra, voilà tous les hauts faits par lesquels tu t’es signalé en faveur de l’homme qui verse la libation : voilà ce que nous célébrons dans nos sacrifices. (C’est là ce que tu as fait), quand pour Sarabha, enfant des Richis, tu as ouvert des trésors nombreux et venus de contrées éloignées[2].

7. Empressez-vous. Il n’est pas loin de vous, celui qui veut vous protéger. Indra perce de sa foudre les nerfs de Vritra.

8. Que l’oiseau (du sacrifice)[3], rapide comme la pensée, s’élève vers le ciel ; qu’il traverse la ville de fer[4], et aille porter le soma au (dieu) tonnant.

9. Au milieu de l’Océan (aérien) repose la Foudre, entourée des Ondes. Les Villes (célestes) se réunissent pour lui apporter leur tribut.

10. Quand la Prière vient en reine éveiller les êtres insensibles et réjouir les dieux, elle s’élève, et va dans les quatre (régions du ciel) recueillir un lait nourricier.

11. Les Dévas ont enfanté la divine Prière. Elle est la voix des êtres de toute forme. C’est la Vache (du sacrifice) qui nous donne et le lait et le beurre (céleste). Que la Prière fortunée vienne avec ses accents harmonieux.

12. Ô Vichnou, qui es notre ami, porte en avant ton grand pas. Ô Ciel, ouvre-toi pour laisser passer la foudre. Puissions-nous ensemble donner la mort à Vritra, et la liberté aux Ondes ! Que ces (Ondes) lancées par Indra suivent leur route.


HYMNE IV.
À Mitra et Varouna, et à divers dieux, par Djamadagni, fils de Bhrigou.
(Mètres : Trichtoubh, Gâyatrî et Vrihatî.)

1. Il a raison d’accomplir le divin sacrifice, le mortel qui implore le secours de Mitra et Varouna en leur présentant l’holocauste.

2. Héros et rois, vous êtes doués d’une force immense, vous avez pour voir et pour entendre de grands yeux et de larges oreilles. Vos longs bras semblent s’étendre pour agir avec les rayons du Soleil.

3. Ô Mitra et Varouna, qu’un rapide coursier, à la tête de fer[5], aux joies entraînantes, se charge de nos offrandes.

4. Délivrez-nous aujourd’hui d’un ennemi dont nous devons éviter le contact, la conversation, et la vue dans le sacrifice. Que vos bras nous en délivrent.

5. (Ô prêtre), trésor du sacrifice, célèbre l’union de Mitra et d’Aryaman. Chantez, en l’honneur de Varouna (et de tous ces) rois (du ciel), un hymne qui leur plaise et qui nous protége.

6. Ces (dieux) envoient, comme témoin de leur victoire, leur brillant et incomparable fils, trésor des trois (mondes). (Maîtres) immortels et invincibles, ils étendent leurs regards sur les demeures des mortels.

7. Accourez à ma voix qui s’élève ; (visitez) mes œuvres brillantes (des feux d’Agni, dieux) Véridiques, qui vous réjouissez de nos holocaustes.

8. Héros, trésor d’abondance, nous demandons que vos présents ne soient point la proie des Rakchasas. Chantés par Djamadagni, faites fructifier les hommages que nous vous adressons.

9. Ô Vâyou, engagé par nos prières, viens à ce sacrifice qui s’élève vers le ciel. Ce brillant (soma) t’est présenté, extrait du filtre (sacré), et mêlé (avec l’orge et le lait).

10. Par les voies les plus droites le prêtre amène l’holocauste. (Ô Dieu) qui presses des coursiers rapides, (prends) nos doubles offrandes ; bois ce pur soma mêlé au lait de la vache.

11. Ô Soleil, tu es grand ! Ô fils d’Aditi, tu es

  1. Dans cette phrase est le mot nema, qui est le nom de l’auteur présumé de cet hymne. J’ai cherché à reproduire un effet qui appartient peut-être au hasard.
  2. Le texte porte l’adjectif pârâvata, que le commentaire fait dériver d’un nom propre Parâvân, qu’il regarde comme le nom d’un Asoura (trésors enlevé à Parâvân).
  3. C’est la Gâyatrî, ou tout autre mètre personnifié de cette manière. Cet oiseau est un épervier (syéna).
  4. Le commentaire traduit le mot âyasî comme synonyme de hyranmayâ, la ville d’or ; je suppose que c’est l’atmosphère chargée de nuages.
  5. Autrement à la tête d’or. Il est question d’Agni.