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[Lect. VII.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

grand ! Ta grandeur est justement célébrée. Ô Dieu, tu es vraiment grand !

12. Ô Soleil, tu es grand en gloire. Ô Dieu, tu es vraiment grand ! Ta grandeur t’a fait placer à la tête des dieux. Doué de l’esprit de vie[1], tu es la lumière puissante et invincible.

13. Cependant la belle et merveilleuse fille de Rohinî[2] allume ici-bas ses adorables rayons, et vient luire à tous les yeux, entre (le ciel et la terre), au milieu des dix régions.

14. Elle a trois enfants qui ne font que passer (sur la terre). D’autres montent jusqu’au soleil et s’y confondent[3]. Le (dieu) brillant et pur s’agrandit et s’élance au milieu des mondes.

15. La Vache (du sacrifice)[4] est la mère des Roudras, la fille des Vasous, la sœur des Adityas, le siége de Rita. Je veux la recommander à la race des sages. Ne frappez pas cette vache innocente, (surnommée) Aditi.

16. Il est (une autre) vache divine, qui se joint aux Dévas : c’est la Prière, qui connaît tous les chants et assiste à toutes les œuvres (saintes). Que le mortel insensé ne fasse point violence à cette vache.


HYMNE V.
À Agni, par Prayaga, fils de Bhrigou.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Ô sage et divin Agni, ô jeune maître de la maison, tu possèdes pour ton serviteur une large abondance.

2. Ô brillant Agni, commande à nos chants et à nos cérémonies, et amène-nous les dieux.

3. Ô (dieu) toujours jeune, puissions-nous, avec un allié aussi dévoué que toi, vaincre, et obtenir la richesse !

4. Comme le faisaient Orva, Bhrigou et Apnavâna[5], j’invoque le pur Agni qui habite le Samoudra[6].

5. J’invoque Agni, fort et sage, qui a la voix du vent et la clameur du nuage, qui habite le Samoudra.

6. Qu’il soit pour nous fécond comme Savitri, fortuné comme Bhaga ! J’invoque Agni, qui habite le Samoudra.

7. Pour obtenir de robustes enfants, adressez vous au puissant Agni, qui comble les vœux du sacrifice.

8. De même que Twachtri façonne les belles formes, qu’(Agni) par sa puissance nous couvre de gloire.

9. Agni parmi les dieux est le maître de la richesse. Qu’il vienne à nous avec l’abondance.

10. Loue donc Agni, le plus glorieux de tous les sacrificateurs, le premier dans nos cérémonies.

11. (Loue le dieu) bon, pur et brillant, (surnommé) Sîra[7], qui éclaire nos maisons et prête l’oreille (à nos prières).

12. Ô sage, chante ce (dieu) robuste, qui nous seconde comme le cheval, et nous protége comme un ami.

13. Les Prières tes épouses, en faveur de l’homme qui offre l’holocauste, se présentent devant toi, ô (Dieu rapide ainsi que) le vent.

14. (Agni) s’asseoit sur la triple[8] (couche) de gazon qui a été répandue sans lien. Les libations (commencent) ; il occupe son trône.

15. C’est le trône d’un dieu généreux, (entouré) d’invincibles défenseurs. Il brille heureusement, tel que le soleil.

16. Ô divin Agni, enflamme-toi, étincelle sous la rosée du ghrita. Amène les (dieux), et sois notre sacrificateur.

17. Ô sage Angiras, les Dévas, tels que des mères (prévoyantes), t’ont enfanté pour être l’immortel porteur de l’holocauste.

18. Ô sage et prudent Agni, ils t’ont constitué pour être l’illustre messager (des dieux) et le porteur de l’holocauste.

19. Je n’ai plus ma (vache jadis) invulnérable ; je n’ai plus la hache (qui fendait) le bois[9]. Voilà l’état où tu me vois réduit.

  1. Asouryah. Le commentaire comprend qu’il est le vainqueur des Asouras.
  2. Je suppose qu’il est question de la flamme du sacrifice ; j’avais cru que ce pouvait être la lumière du soleil. Mais l’épithète nitchi m’a fait penser qu’il est question d’un feu terrestre. Rohinî est le nom que l’on donne à la lumière rougeâtre de l’aurore, qui précède celle du sacrifice, lequel semble l’enfanter ou la créer (Rohinyâ critâ).
  3. La flamme du sacrifice produit les feux des trois sacrifices. Elle produit aussi les rayons qui vont briller dans le soleil.
  4. Cette vache représente ici la flamme du sacrifice. Dans l’hymne précédent et plus bas aussi, la Prière est personnifiée de la même manière. Le nuage ailleurs est donné comme une vache, appelée Prisni, qui est la mère des vents. Ici la vache du sacrifice est la mère des Roudras, qui sont aussi les Marouts ou les Vents.
  5. Voyez page 235, col. 2, note 2.
  6. Samoudra est le nom de la mer : mais ce mot s’emploie aussi pour l’air. Je pense qu’ici ce mot doit signifier le vase des sacrifices, où repose la libation.
  7. Voy. sect. III, lect. viii, hymne vii, st. 5.
  8. Tridhâtou.
  9. Dans l’histoire de Djamadagni, la vache a été tuée par Ardjouna, et son fils, surnommé Parasou (la hache), est absent. Cependant cet hymne est attribué à Prâyâga, et non à Djamadagni.