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[Lect. II.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

prêtres qu’il aime. Il lance (son flot), comme l’écuyer (lance) son cheval.

11. Ce flot, que tu mets au service des dieux, coule au vase (des libations), et va siéger au foyer de Rita.

12. Ô Indou, amène au vase (de nos libations) cette onde qui coule en l’honneur des dieux, et qui doit enivrer Indra.

13. Ô Indou, purifié par les sages, viens toucher nos mets (sacrés), et te mêler avec éclat (au lait) de nos vaches.

14. (Dieu) brillant et pur, digne objet de nos chants, confonds-toi avec notre caillé, et donne à notre race la richesse et la force.

15. Ô (Soma) pur et brillant, laisse-toi conduire par les prêtres qui honorent les dieux, et viens dans la coupe d’Indra.

16. Les rapides Libations, pressées par la Prière, coulent avec empressement dans le Samoudra.

17. Les enfants d’Ayou[1] les ont purifiées ; et ces Libations vont du Samoudra dans le foyer de Rita[2].

18. Viens te joindre à nous ; par ta force conserve-nous tous les biens, (donne-nous) une maison pleine de vaillants héros.

19. Tel que le coursier hennissant, il vient près de ses chantres, et fait entendre le bruit de ses pas impétueux ; il coule en onde (retentissante).

20. Quand le (dieu) rapide est placé au foyer doré de Rita, il fait la guerre aux insensés.

21. Les Sages lui présentent leurs sacrifices et leurs chants d’amour. Les insensés se perdent (par leur impiété).

22. Ô Indou, aussi doux que le miel, coule en l’honneur d’Indra, ami des Marouts, et place-toi au foyer de Rita.

23. Les prêtres éclairés t’ornent par leurs prières ; les enfants d’Ayou te purifient.

24. (Dieu) sage et pur, Mitra, Aryaman, Varouna, les Marouts boivent ta liqueur.

25. Ô Indou, ô pur Soma, tu élèves ta voix sage, accompagnée de mille biens.

26. Ô Soma, ô pur Indou, fais-nous donc entendre cette voix accompagnée de mille biens, suivie de (mille) présents.

27. Ô Indou pur et chéri, objet de tant de vœux, pour le bonheur de ce peuple, entre dans le Samoudra.

28. Les brillantes Libations, mêlées au lait de la vache, sont entourées d’une splendide lumière et de nos chants (joyeux).

29. Lancé par les prêtres, il court tel que le cheval de bataille qui se précipite au milieu des ennemis.

30. Ô sage Soma, viens pour notre bonheur t’unir à nous, et apparais à nos yeux comme le soleil du haut du ciel.





LECTURE DEUXIÈME.
HYMNE I.
À Soma, par Djamadagni, ou Bhrigou, fils de Varouna.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Les (dix) frères[3], (habiles) ouvriers, pour la gloire du grand Indou, lancent ce maître puissant.

2. Ô Dieu pur, viens avec toutes tes splendeurs ; et, à l’appel des Dévas, prends les trésors que nous te présentons.

3. À l’appel des Dévas, (ô Dieu) pur, recueille et nos louanges, et nos ondes et nos cérémonies, qui concourent à augmenter ta force.

4. Tu es généreux, (ô Dieu) pur ; serviteurs pieux, nous t’invoquons, ô toi qui fais briller ton rayon.

5. Apporte-nous le bonheur et la force. Ô Indou, orné de si belles armes, viens en ces lieux.

6. Nos mains te purifient ; tu vas te mêler aux ondes, et ensuite prendre place dans nos coupes.

7. Chantez donc, comme le faisait Vyaswa, en l’honneur du pur et grand Soma, qui a mille yeux.

8. Pour désaltérer Indra, les (prêtres) versent des mortiers le brillant[4] Indou, aux flots limpides, aussi doux que le miel.

9. Avec nos offrandes nous voulons obtenir tous tes présents, et mériter ton amitié.

10. En l’honneur (du dieu) qui est l’allié des Marouts, fais couler ton onde généreuse, ô toi qui donnes la joie, et qui es bienfaisant avec force.

  1. Le commentaire regarde le mot âyavah comme une épithète qu’il donne aux libations, ayant la signification de légères, rapides.
  2. Tout ce passage est compris autrement par le commentateur. Pour lui le Samoudra, c’est l’air ; Rita, c’est l’eau.
  3. Le texte porte sœurs.
  4. Je ferai remarquer qu’une des épithètes fréquentes de Soma est le mot hari.