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[Lect II.]
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RIG-VÉDA. — SECTION SEPTIÈME.

le lait de la pieuse offrande. Il s’accroît par l’œuvre (sainte), et forme pour (l’homme) pur quatre mondes[1] nouveaux et superbes.

2. Le dieu produisant, à la prière (du prêtre), sa merveilleuse ambroisie, et (secondé) par l’œuvre des sages, a séparé le Ciel et la Terre. Il a, autour (de nous), étendu avec grandeur les Ondes brillantes, dès l’instant que sa demeure a été visitée par l’offrande.

3. Que ses rayons immortels et vainqueurs couvrent les deux espèces d’êtres[2], et purifient les mets désignés aux hommes et aux dieux. Que l’hymne l’honore du nom de roi.

4. Purifié par les dix ministres du sacrifice, il est étendu au milieu des (Ondes), mères (des êtres)[3]. Il poursuit l’œuvre qui produit sa merveilleuse ambroisie ; et il porte ses regards clairvoyants sur les hommes comme sur les dieux.

5. (De plus en plus) épuré, il acquiert une force qui le rend le soutien (du monde). Placé entre le ciel et la terre, dont il est le charme, ce (dieu) généreux déploie sa vigueur contre la folie (des Asouras), et, tel qu’un archer, lance ses traits enflammés.

6. En voyant les deux grands parents (du monde), semblable au veau (qui aperçoit sa mère), il a crié. Sa voix a retenti comme celle des Marouts. Sachant par quelle œuvre pieuse il peut nous donner le bonheur, il se hâte de l’accomplir pour obtenir nos louanges.

7. Taureau terrible, dans l’impatience de prouver sa force, il mugit, il aiguise ses cornes brillantes. Le sage Soma vient se reposer dans le bassin qui l’attend, après avoir passé sur la peau de vache et le filtre de laine.

8. Pur et purifiant, le (dieu) brillant a placé son corps irréprochable sur le filtre de laine. Préparé pour le bonheur de Mitra, de Varouna, de Vâyou, il devient par les soins (des prêtres) un doux miel composé de trois substances[4].

9. Viens, ô généreux Soma, pour orner le culte des dieux. Ô Soma, pénètre dans le cœur d’Indra ! (Comme) autrefois (délivre-nous) de la mort, et fais-nous heureusement traverser le mal. (Sois pour nous tel qu’un guide) qui connaît le pays, et qui nous indique le chemin.

10. Ainsi qu’un coursier bien dirigé, viens à nos offrandes. Ô Indou, descends dans les entrailles d’Indra. (Dieu) sage, fais-nous comme sur un navire traverser les flots (de la vie). Tel qu’un héros, combats nos ennemis.


HYMNE VII.
À Soma, par Richabha, fils de Viswamitra.
(Mètres : Trichtoubh et Djagatî.)

1. Le sacrifice commence. Le (dieu) fort vient dans sa demeure, et sa vigilance nous garde contre le méchant Rakchasa. En faveur de (l’homme) purifié par la piété, ce (maître) brillant couche, entre les deux plateaux du pressoir, les fibres (de sa plante) pour en extraire le suc[5].

2. Tel qu’un guerrier farouche, le (dieu) vigoureux s’avance en criant. Il dépose la couleur qui le fait ressembler à l’Asoura ; il quitte son (premier) corps, et, pour passer dans la coupe du père (du sacrifice), il prend une forme qui s’allonge et jaillit.

3. Du mortier, les mains (du prêtre) le versent dans la coupe. Il s’agite comme un taureau, et, (excité) par la prière, il se débarrasse de ses fibres. Il va plein de joie ; il se perfectionne par la prière, il se purifie dans les ondes, il s’emploie dans le service (divin).

4. Les douces et puissantes (Libations) arrosent le céleste (Indra), qui grossit le nuage et brise les palais (des Asouras). C’est pour le grand (Indra) que les vaches de l’holocauste emplissent leurs

  1. Le texte porte le mot bhouvanam, qui ordinairement signifie monde, et que le commentaire explique ici par le mot oudacam (eau). Malgré cette autorité, j’ai traduit par le mot monde : en effet, l’autel a quatre côtés correspondant aux quatre points de l’horizon ; et Soma par sa lumière semble créer ces quatre régions de l’air, que l’on peut appeler quatre mondes, de même qu’ailleurs il crée le ciel et la terre. À l’occasion de ce nombre quatre, je rappellerai qu’aux trois feux les Ribhous en ont ajouté un quatrième. Au reste, un passage du commentaire placé plus loin indique que des libations ont lieu au nombre de trois, de quatre, de cinq, de sept. Un autre passage parle aussi de quatre vases de libations. Consultez aussi pour la question des quatre mondes, plus bas, page 500, col. 1, note 1.
  2. Animés et inanimés.
  3. Le commentaire entend ce passage comme ayant rapport à l’atmosphère. Je pense qu’il est question des eaux du sacrifice.
  4. L’offrande du soma se compose de différentes substances, de trois entre autres, de jus de soma, d’eau, de caillé.
  5. Voy. page 484, col. 2, note 2.