Page:Langlois - Rig Véda.djvu/511

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
[Lect. IV.]
503
RIG-VÉDA. — SECTION SEPTIÈME.

touré des honneurs du sacrifice, avec l’agitation du vent, donne le noble (Soma) au sacrificateur empressé.

53. Viens donc, avec ton (onde) purifiant, dans cette fête où nous célébrons ta gloire. Comme on secoue un arbre dont les fruits sont mûrs, fais aussi tomber parmi nous les soixante mille trésors du vil Asoura.

54. Nos hymnes et nos libations sont deux sources puissantes où se retrempent la force et le courage du généreux (Soma). Ô toi, qui, tel qu’un cavalier superbe, abats et terrasse tes ennemis, éloigne d’ici les impies.

55. Tu passes constamment dans trois vases purifiants[1]. Il en est (ici) un autre où nous t’appelons (aujourd’hui). Tu es Bhaga, tu es le bienfaiteur (des hommes), ô Indou ; tu es Maghavan pour les (mortels) généreux.

56. Il vient, le sage Soma qui possède tous les biens et qui est roi du monde. Indou lance ses flots dans les sacrifices, et arrive sur le filtre de laine.

57. Les nobles et invincibles (serviteurs) d’Indou le caressent sur le trône. Les sages font entendre leurs voix, pareilles à celle du vautour. Les prêtres pressent (Soma) avec leurs dix doigts, et enveloppent ses formes du suc des ondes.

58. Ô pur Soma, puissions-nous toujours avec toi recueillir les fruits de la victoire ! Qu’ils nous protégent également, Mitra, Varouna, Aditi, la Mer, la Terre et le Ciel[2] !


HYMNE VIII.
À Soma, par Ambaricha, fils du roi Vrihagiri, et Ridjiswan, fils de Bharadwadja.
(Mètres : Anouchtoubh et Vrihatî.)

1. Ô Indou, apporte-nous l’opulence qui donne la force, que tous envient, qui renferme tous les biens, qui amène l’abondance, qui triomphe des puissants.

2. Porté comme sur un char, Indou va se répandre sur le filtre de laine. Il fait couler ses flots dans (les vases de bois).

3. Indou versé sur le (filtre) de laine arrive avec son ivresse. Il se lève dans le sacrifice avec son onde, et vient tout brillant se mêler au lait de la vache.

4. Ô divin Indou, tu envoies par milliers des biens de toute espèce au mortel qui te sert constamment.

5. Ô (Dieu) invincible et fort, vainqueur de Vritra, fais que nous connaissions la fortune et ta désirable abondance.

6. Les dix frères prennent ce glorieux ami d’Indra, le broient dans le mortier et le plongent dans les ondes.

7. Maître aimable et brillant, il est purifié sur le filtre. Il remplit tous les dieux de son ivresse.

8. Vous buvez sa (liqueur) pour augmenter vos forces et obtenir sa protection. Beau comme le soleil, il répand parmi ses serviteurs une large abondance.

9. Dieu enfant de la colline, Indou vous a, dans les sacrifices, engendrés, ô Ciel et Terre, ô Dieux qui devez le jour à Manou[3] ! Les (prêtres) ont répandu (Soma) au milieu du bruit (des hymnes.)

10. Ô Soma, tu es versé en l’honneur d’Indra, vainqueur de Vritra, dieu magnanime, entouré de nos offrandes, et siégeant dans la demeure (des sacrifices).

11. Au point du jour ton antique breuvage coule dans le vase des lustrations, éloignant le matin, par son influence mystérieuse, les brigands insensés.

12. Amis, vous et nous maîtres (du sacrifice), honorons ce (dieu) puissant, qui répand devant nous ses clartés et ses suaves parfums. Que nous obtenions de lui d’opulentes moissons !


HYMNE IX.
À Soma, par Rébha et Sounou, fils de Casyapa.
(Mètres : Anouchtoubh et Vrihatî.)

1. Les (Doigts) pieusement empressés tendent l’arc vigoureux de l’aimable et victorieux Asoura. En présence des sages, ils tissent pour lui un pur vêtement.

2. Ainsi paré au commencement du jour, le (dieu) brillant s’approche des offrandes, et les prières du sacrificateur précipitent sa marche.

3. Nous versons le jus enivrant de Soma, qui

  1. Suivant le commentaire, ces trois vases (pavitra) seraient Agni, Vâyou, Soûrya, considérés comme dieux essentiellement purifiants.
  2. Refrain final de certains hymnes. Voy. section I, lecture vi, hymne xiv, stance 16, et alibi.
  3. Le texte porte le mot Mânava, qui veut dire issu de Manou.