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[Lect. V.]
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RIG-VÉDA. — SECTION SEPTIÈME.

torrents se rassemblent ; tes sucs purifiés par le prêtre s’échappent avec limpidité. Ô Indou, coule pour Indra !

6. Dans ces lieux, où le prêtre élève sa voix cadencée sur (sept) mesures, ô pur Soma, il fait pour sa propre gloire résonner le mortier, il enfante le bonheur. Ô Indou, coule pour Indra !

7. Dans ces lieux où siége la lumière éternelle, la félicité (suprême), dans ces lieux d’immortelle durée, place-moi, ô (Dieu) pur. Ô Indou, coule pour Indra !

8. Dans ces lieux où règne Vêvaswata[1], où est le palais du (dieu) lumineux, où (coulent) les grandes Eaux, donne-moi l’immortalité. Ô Indou, coule pour Indra !

9. Dans ces lieux où s’ouvre à nos désirs la triple demeure, le triple ciel du (dieu) lumineux, où brillent les mondes radieux, donne-moi l’immortalité. Ô Indou, coule pour Indra !

10. Dans ces lieux où les désirs sont satisfaits, où repose la base (de tout), où se trouvent la Swadhâ et le plaisir, donne-moi l’immortalité. Ô Indou, coule pour Indra !

11. Dans ces lieux où siégent le bonheur, la joie, la félicité, la jouissance, où la satisfaction naît avec le désir, donne-moi l’immortalité. Ô Indou, coule pour Indra !


HYMNE XIV.
À Soma, par Casyapa.
(Mètre : Pankti[2].)

1. Ô Soma, celui qui accourt aux rayons du pur Indou, qui vers toi dirige sa pensée, est reconnu pour un homme qui possède une belle famille. Ô Indou, coule pour Indra !

2. Ô Richi Casyapa, qui unis ensemble la voix de la prière et celle de l’hymne, honore le royal Soma qui vient de naître ! c’est le maître des plantes. Ô Indou, coule pour Indra !

3. Voici les sept ministres des sacrifices, brillants comme des soleils, sept prêtres divins qui sont comme sept Adityas : par leur intercession, ô Soma, sauve-nous ! ô Indou, coule pour Indra !

4. Ô royal Soma, par cet holocauste, par ces offrandes qui t’appartiennent, sauve-nous ! Qu’aucun ennemi ne puisse nous vaincre ni nous blesser. Ô Indou, coule pour Indra.


HYMNE XV.
À Agni, par Trita Aptya.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Agni, large et droit, s’est levé devant les Aurores. Il sort des ténèbres et s’avance avec la lumière. Il vient de naître, et de ses membres resplendissants il remplit toutes les demeures.

2. Tu nais, bel enfant du Ciel et de la Terre. Tu sors du bois (de l’Aranî). Nourrisson charmant, tu apparais, en criant, au sein de tes mères, et tu repousses les Ténèbres et les Nuits.

3. Il naît : grand et sage, (sous le nom de) Vichnou, il part, marque son (pas) suprême, et va occuper sa troisième (station). Sa bouche boit le lait (du sacrifice), que lui présentent les (prêtres) empressés à l’honorer tous d’un seul cœur.

4. Les (Plantes) sont aussi tes mères. Elles t’apportent le bois qui fait ta nourriture et ta force. Tu embrasses (tes mères), qui sous tes atteintes changent de forme. Tu es sacrificateur au milieu de la race de Manou.

5. (Honorons) Agni le pontife et le héraut brillant du sacrifice. Dans nos cérémonies il monte un char magnifique ; par sa grandeur et sa richesse il fait l’orgueil des dieux ; il est l’hôte des humains.

6. Placé sur le foyer de terre[3], Agni se pare de superbes vêtements. Élevé sur le sein d’Ilâ où tu reçois une (autre) naissance, ô roi clément, fais le sacrifice aux dieux.

7. Ô puissant Agni, comme un fils (soutient) ses (vieux) parents, tu as constamment supporté le Ciel et la Terre. Viens donc, ô (maître) toujours jeune, amène ici les dieux avides (de nos offrandes).

  1. Le commentateur ne dit pas quel est ce personnage de Vévaswata ; c’est un nom que les Pourânas donnent à Yama, ou bien au septième Manou, les regardant comme fils de Vivaswân ou du Soleil, Voyez page 310, col. 2, note 2. Il me semble que la légende de Vivaswân, dans le Rig-Véda, n’est pas la même que celle des Pourânas ; que celle-ci est astronomique, et que l’autre est hiératique. Je ne serais pas étonné que Vévaswata, fils de Vivaswân, c’est-à-dire du Dieu brillant ou du sacrificateur, peut-être du sacrifice, ne fût Agni lui-même, ou l’une de ses formes (Yama).
  2. Ici se termine le neuvième Mandala.
  3. Autrement l’ombilic de la terre, qui est le foyer formé de terre cuite. Ce foyer s’appelle encore Ilâ ou Aditi, personnifié sous ces deux noms, qui sont aussi ceux de la terre.