Page:Langlois - Rig Véda.djvu/520

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
512
[Lect. V.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.


HYMNE XVI.
À Agni, par Trita Aptya.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Ô Agni toujours jeune, ô maître des saisons, dont tu connais les retours, honore ici les dieux ornés (de nos holocaustes), et fais leur bonheur. Parmi les prêtres divins et les sacrificateurs tu es le plus digne de nos hommages.

2. Tu es le ministre chargé des sacrifices et des libations. Tu es pour les peuples un prophète, un bienfaiteur juste et opulent. Nous faisons la Swâhâ. Toi, divin Agni, honore les dieux, et porte-leur les holocaustes.

3. Suivons la route des dieux, et portons ce qu’il nous est possible de porter. Que le sage Agni soit le sacrificateur et le prêtre. Qu’il ordonne nos cérémonies et observe les saisons.

4. Quand, pour vous, nous entreprenons l’œuvre (sainte), les plus illustres d’entre les sages ne sont que des ignorants. Agni (seul) est sage : qu’il remplisse toutes ces fonctions ; qu’il honore les dieux dans les saisons convenables.

5. Tels que des pauvres infirmes, les mortels s’occupent d’holocaustes, d’offrandes, de prières. Agni (seul) se connaît en science divine ; il est le premier des sacrificateurs et des pontifes. Qu’il honore les dieux suivant les saisons.

6. Un père (prévoyant) t’a engendré pour être la tête de tous les sacrifices, le héraut de nos diverses (cérémonies). Donne-nous des terres fécondes en hommes de cœur ; (donne-nous) une abondance digne d’envie, dont parle la renommée, et qui n’exclut aucun bien.

7. Ô sage Agni, ô toi qui es né (successivement) du Ciel et de la Terre, des Ondes, de Twachtri, fier de t’avoir pour fils, allume tes feux, et éclaire la route que nos pères ont suivie.


HYMNE XVII.
À Agni, par Trita Aptya.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Maître brillant et rapide, le terrible (Agni) allume ses feux et développe ses forces. Il apparaît au milieu des libations. Il s’anime, il étend sa large lumière ; il s’approche d’Asiknî[1], amenant l’éclatante (Aurore).

2. Sa splendeur a triomphé des noires Ténèbres. Il enfante une fille[2], digne de son généreux père ; il la donne pour épouse au Soleil, dont il élève et affermit la lumière, et brille ainsi dans toutes les magnificences du ciel.

3. Le beau (Soûrya) s’avance vers la belle (Aurore) ; il devient l’amant de sa sœur, et s’unit avec elle. Agni, déployant ses vives lumières, jette sur les Ténèbres ses éclatantes couleurs.

4. Agni est un ami grand, généreux et bon. Il mérite nos louanges. Ses rayons s’allument et s’étendent, à la voix (de nos hymnes). De sa bouche brillante ils s’élancent avec vivacité, et les Jours repoussent la Nuit.

5. Ses flammes éblouissantes s’élargissent ; elles éclatent avec un bruit sonore, et de ses traits aigus, allongés, rayonnants, qui semblent se jouer avec puissance, il va toucher le ciel.

6. Il s’agite avec force ; il redresse ses feux étincelants ; il attelle ses bruyants coursiers. De ses lueurs antiques et resplendissantes le plus grand des dieux vient en grondant éclairer le monde.

7. Amène-nous ce qu’il y a de plus distingué. Viens t’asseoir entre le Ciel et la Terre, encore brillants de jeunesse. Que le robuste et rapide Agni arrive en ces lieux avec ses rapides et robustes coursiers.


HYMNE XVIII.
À Agni, par Trita Aptya.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. C’est toi que je veux honorer. Je t’adresse ma prière ; sois toujours le digne objet de nos invocations. Ô roi antique, ô Agni, sois pour Poûrou[3], qui t’offre le sacrifice, comme celui qui dans le désert nous présente un breuvage.

2. Ô (maître) toujours jeune, les peuples viennent vers toi, ainsi que les vaches (se rendent) dans une étable chaude. Tu es le messager des dieux et des hommes. Tu marches grandement avec la lumière entre (la terre et le ciel).

3. Tendre nourrisson qui tends à l’accroître, ta mère te soutient et t’embrasse. Par ses soins tu grandis, et déjà tu bondis avec empressement,

  1. Asikni signifie noire ; c’est le nom que l’on donne à la libation du matin, faite au moment où la nuit règne encore. Voy. page 241, col. 1, note 2.
  2. C’est-à-dire l’Aurore. Le texte est assez obscur pour que le commentateur ait cru devoir dire que l’Aurore était fille du Soleil.
  3. Nom par lequel l’homme est désigné.