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[Lect. VI.]
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RIG-VÉDA. — SECTION SEPTIÈME.

brûlé. Qu’il soit lavé, et balayé avec quelques brins de doûrwâ[1] sèche.

14. (Ô Terre), redeviens fraîche et riante en cet endroit ; que la grenouille s’y plaise. Fais la joie de cet Agni.


HYMNE XII.
À Twachtri et à divers dieux, par Dévasravas, fils d’Yama.
(Mètres : Trichtoubh, Anouchtoubh et Vrihatî.)

1. Twachtri marie sa fille[2] ; tous les êtres sont assemblés. L’épouse du grand Vivaswân apparaît, et devient la mère d’Yama.

2. (Saranyoû) était immortelle. (Les Dévas) la cachèrent aux yeux des mortels, et donnèrent Savarnâ[3] à Vivaswân. C’est Saranyoû qui, (nommée) Aswinî[4], enfanta les jumeaux Aswins.

3. (Ô trépassé), que le sage Poûchan, ce pasteur du monde qui sauve tout son troupeau, t’emporte loin de ces lieux. Qu’Agni te donne aux Pitris et aux dieux bienveillants.

4. Que Poûchan, le voyageur universel, te protége et te conserve, partout où s’étend son empire. Que le divin Savitri te garde dans le lieu où séjournent (les hommes) pieux, où les (Pitris) ont passé.

5. Poûchan connaît toutes ces régions. Qu’il nous conduise, et nous mette à l’abri de toute crainte. Qu’il s’empresse de marcher devant nous, ce (dieu) sage et brillant, qui donne le bonheur et possède la force.

6. Poûchan naît ; il a étendu les voies du ciel et de la terre. (Dieu) prudent, il s’avance au milieu de ces deux mondes qui lui sont chers.

7. Les serviteurs des dieux invoquent Saraswatî dans la pompe du sacrifice. Les (hommes pieux) s’adressent à Saraswatî. Que Saraswatî accorde ses bienfaits à celui qui l’honore.

8. Ô divine Saraswatî, qui aimes l’offrande et montes sur le même char que les Pitris, place-toi sur ce gazon, et livre-toi au plaisir. Donne-nous l’abondance et la santé.

9. Les Pitris dans le sacrifice invoquent Saraswatî en marchant à droite. Donne à tes dévots serviteurs une abondance immense et l’ornement de la richesse.

10. Que les Ondes, mères (divines), nous purifient de leur douce rosée ! Que les Libations lavent nos souillures ! Ces déesses emportent tout péché. Je viens purifié par elles.

11. Coule, ô Jus (de Soma), aux lueurs du matin, dans ce foyer tourné du côté de l’orient. Je fais de toi sept offrandes, qui s’épanchent toutes au sein d’un même foyer.

12. Ô Soma, en prononçant le mot Vachat, je verse avec honneur ton jus, qui, exprimé par la main du prêtre, extrait du mortier, coule du vase des lustrations pour passer (dans les coupes).

13. Ô Soma, ton jus versé par la cuiller (sainte) coule en haut comme en bas. Que le divin Vrihaspati répande ce jus, pour (nous donner) l’opulence.

14. Ô lait (du sacrifice), dont les plantes, les ondes, ma prière même est imprégnée, par leur vertu commune purifie-moi.


HYMNE XIII.
À Mrityou[5], par Sancousouca, fils d’Yama.
(Mètres : Pankti, Djagatî, Anouchtoubh et Trichtoubh.)

1. Ô Mrityou, suis une autre voie ; la voie qui t’est propre n’est pas celle des dieux. Je parle (à un être) qui a des yeux et des oreilles. Épargne nos enfants, épargne nos hommes.

2. Si vous parvenez à arrêter le pas de Mrityou et à prolonger votre vie, soyez purs et brillants ; ayez de nombreux enfants, de grandes richesses. Distinguez-vous par vos sacrifices.

3. La vie et la mort se succèdent. Que l’invocation que nous adressons aujourd’hui aux dieux nous soit propice ! Livrons-nous au rire et au bonheur de la danse, et prolongeons notre existence.

4. Voici le rempart[6] dont je protége les vi-

  1. Doûrwâ, communément dûb (panicum dactylon).
  2. Voy. page 515, col, 2, note 4.
  3. Ce mot signifie ayant la même couleur. Saranyoû, cette sœur de Trisiras, ayant achevé sa carrière, se perd au sein de la nuit. Elle est remplacée le lendemain par une autre libation de la même nature, mais qu’Yama reconnaît n’être pas sa mère. Savarnâ donne le jour à Manou Sâvarni.
  4. Nous avons déjà vu que la Libation portait le nom d’Aswini, nom qu’on lui donne à raison de sa rapidité, comparable à celle du cheval. Le Soma est sans cesse assimilé au coursier impétueux. Saranyoû, sous le nom d’Aswini, enfante les dieux Aswins, de la même manière qu’Agni ou le sacrifice met au monde le Ciel et la Terre.
  5. C’est le dieu de la mort.
  6. La pierre sous laquelle on va mettre les restes du mort, me semble le rempart dont il parle ici. C’est la caverne (Parwata) où la Mort sera enfermée.