Page:Langlois - Rig Véda.djvu/53

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
[Lect. I.]
45
RIG-VÉDA.— SECTION PREMIÈRE.

accorde-nous le fruit de ce sacrifice, (sois) favorable à nos vœux.

7. Les sacrifices se succèdent, et, dans tous ces hymnes brillants qui s’adressent au foudroyant Indra, je n’en vois aucun digne de lui.

8. Tel que le taureau qui s’approche avec amour de ses compagnes, tel (Indra), maître clément et généreux, visite les hommes avec puissance.

9. Lui qui, sans égal, règne sur les hommes, (dispense) les biens, et (gouverne) les cinq classes d’êtres[1].

10. Nous invoquons pour vous Indra, qui enveloppe de toute part la nature ; qu’il nous soit, à nous, particulièrement propice !

HYMNE VIII.

À Indra, par Madhoutchhandas.

(Mètre : Gâyatrî.)

1. Ô Indra, viens à notre secours ! donne-nous de l’or : l’or procure l’opulence, la victoire, la force constante et durable.

2. Avec l’or, et protégés par toi, nous pouvons repousser nos ennemis et à pied[2] et à cheval.

3. Protégés par toi, ô Indra, nous prenons nos armes, auxquelles tu donnes la force de ta foudre, et nos ennemis sont vaincus dans le combat.

4. Avec nos héros armés de traits, mais surtout avec ton aide, ô Indra, nous résistons à la foule de nos adversaires.

5. En effet, Indra est grand et supérieur à tout : qu’il surpasse tout, le dieu qui porte la foudre ! sa force est comme le ciel, elle est immense.

6. Ce n’est pas seulement le guerrier qui obtient sa faveur dans la mêlée, c’est encore l’homme qui désire un fils, c’est le sage qui s’attache à la prière.

7. Le sein d’Indra, altéré de soma, doit toujours en être rempli : telle la mer est toujours (gonflée d’eau), telle la langue est sans cesse humectée de salive.

8. C’est ainsi que la prière qu’on lui adresse, grande et sonore, assure à son serviteur des troupeaux de vaches ; elle est pour celui-ci comme la branche chargée de fruits.

9. C’est ainsi que ton pouvoir, ô Indra, que ton secours est acquis au serviteur qui me ressemble.

10. Mais aussi l’hymne et le chant qui plaisent à Indra doivent être préparés ; le soma doit être versé (pour le dieu qui l’aime).

HYMNE IX.

À Indra, par Madhoutchhandas.

(Mètre : Gâyatrî.)

1. Viens, Indra, toi qui aimes les mets (du sacrifice) et toutes les espèces de libations ; toi qui es grand, fort et victorieux.

2. En l’honneur d’Indra, qui donne le bonheur et qui protège puissamment, répandez cette boisson, qui donne aussi le bonheur et produit de si puissants effets.

3. Sois heureux de nos louanges flatteuses, dieu à la noble face[3] et maître souverain ; assiste avec (les autres dieux) à nos sacrifices.

4. (Avec nos libations), j’ai versé[4] des prières : qu’elles montent heureusement vers toi, seigneur puissant, et daigne les accueillir !

5. Indra, réunis ici les biens divers qu’il est possible de souhaiter ; ils sont en toi avec une merveilleuse abondance.

6. Riche et puissant Indra, conduis-nous à cette opulence, et donne-nous la force et la gloire.

7. Ô Indra, toi qui es la vie de tous, accorde-nous une fortune large, grande et solide, fondée sur l’abondance de nos récoltes et le nombre de nos vaches !

8. Oui, donne-nous une grande fortune, des richesses, des biens innombrables, et des chariots chargés d’abondantes provisions !

9. Par nos chants nous invoquons Indra, maître de la richesse, ami de nos hymnes, et prompt à venir à notre secours.

  1. Quelles sont ces cinq classes d’êtres ? Le commentateur pense que ce sont les quatre castes, auxquelles il ajoute les Nichâdas. Il explique de la même manière le mot pântchadjanya, qui se présentera plus loin. Mais je crois que les castes n’existaient pas encore à l’époque où ces hymnes furent composés, et, de plus, les Nichâdas n’étaient pas une caste. Yâsca suppose que par ces cinq classes il faut entendre les Gandharvas, les Pitris, les Dévas, les Asouras et les Rakchasas. Un autre auteur retrouve les cinq classes dans les Dévas, les Hommes, les Gandharvas, les Apsaras et les Serpents, ou bien dans les Dévas, les Hommes, les Pitris, les Quadrupèdes et les Oiseaux. D’un autre côté, les Indiens reconnaissent cinq éléments. Ne seraient-ce pas les êtres appartenant à chacun de ces éléments ? M. Wilson donne au mot pântchadjanya une étymologie qui a trait à cette explication. Je dois dire que la même idée se présente dans la 5e section, 8e lecture, et que ces cinq classes sont appelées enfants de Manou, pantcha Mânouchâh.
  2. Littéralement, à coups de poing : le commentateur indique le sens que j’ai adopté.
  3. Sousipra ; cette épithète est remarquable, et signifie ayant un beau nez ou de belles mâchoires. Quel rapport ont ces traits de beauté avec le caractère particulier d’Indra ?
  4. Traduction littérale.