Page:Langlois - Rig Véda.djvu/531

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
[Lect. VII.]
523
RIG-VÉDA. — SECTION SEPTIÈME.

2. Je chante Agni toujours jeune ; il jouit (de nos holocaustes) ; il est avec puissance notre ami et l’adversaire de nos ennemis. Pour l’honorer, les Vaches fortunées (du sacrifice)[1] épuisent la mamelle de leur mère.

3. Les (prêtres) emplissent sa bouche, qui est le siége des œuvres (sacrées) et l’étendard lumineux. Il brille dans la plénitude de ses rayons.

4. Maître des peuples, il est aussi leur voie. Il s’élance jusqu’aux confins du ciel ; (dieu) sage, il remplit l’air de sa splendeur.

5. Il orne les holocaustes du fils de Manou ; il s’élève avec grandeur dans le sacrifice. Il dévore (le bois) du foyer, et devient notre guide.

6. (Dieu) sauveur, il est notre holocauste et notre sacrifice ; il nous emporte rapidement dans sa voie. Les Dévas savent qu’Agni est digne de leurs chants.

7. Agni est la force du sacrifice et le conducteur de l’offrande ; il est l’enfant du Mortier qui retentit le matin. Il est la vie (des mortels).

8. Tous les humains parmi nous qui veulent le bonheur, honorent Agni avec l’holocauste.

9. Sa voie est noire, blanche et rouge. Il s’avance droit, grand, brillant, glorieux. Son père lui a aussi donné un char doré.

10. Ainsi, ô Agni, fils de la Force, Vimada, qui partage la joie des Immortels, t’apporte des prières et des invocations touchantes. Viens lui donner en retour l’abondance, la force, le bonheur.


HYMNE III.
À Agni, par Vimada.
(Mètre : Pankti.)

1. Nous t’adressons nos hymnes, ô Agni sacrificateur, toi que l’on appelle Sîra[2], qui pour nos cérémonies viens te placer sur notre gazon, et qui brilles d’un pur éclat. Dans l’ivresse que tu ressens, tu es grand.

2. Tes serviteurs te parent de ces brillants ornements que t’apporte le cheval[3] (de la libation). Ô Agni, l’Invocation s’avance et se dresse devant toi pour t’honorer. Dans l’ivresse que tu ressens, tu es grand.

3. Voués à ton service, les (prêtres) se placent sur le gazon (sacré), et versent avec leurs cuillers le flot qui t’arrose. Tu te revêts de riches couleurs et de formes noires et blanches. Dans l’ivresse que tu ressens, tu es grand.

4. Ô puissant et immortel Agni, tu possèdes l’opulence ; apporte-nous, au milieu des sacrifices, l’abondance et la riche fécondité. Dans l’ivresse que tu ressens, tu es grand.

5. Qu’Agni, enfant d’Atharwan[4], prenne part à toutes les œuvres des sages. Qu’il soit le messager chéri de Vivaswân[5], l’ami d’Yama[6]. Dans l’ivresse que tu ressens, tu es grand.

6. Ô Agni, dans les sacrifices, dans le cours de nos cérémonies, les (prêtres) te chantent. Tu accordes à ton serviteur tous les biens désirables. Dans l’ivresse que tu ressens, tu es grand.

7. Ô Agni, les enfants de Manou t’ont placé dans les sacrifices comme un pontife vénéré. Le ghrita ruisselle sur toi avec éclat, et tu animes le feu de tes rayons. Dans l’ivresse que tu ressens, tu es grand.

8. Ô Agni, tu étends au loin la splendeur de tes larges flammes. Ta voix s’élève, et tu t’agites comme le taureau. Tu déposes au sein de tes épouses[7] le gage de ta vigueur féconde. Dans l’ivresse que tu ressens, tu es grand.


HYMNE IV.
À Indra, par Vimada.
(Mètres : Trichtoubh, Anouchtoubh et Vrihatî.)

1. Où a-t-on entendu parler d’Indra ? Dans quelle famille son nom a-t-il retenti comme celui de Mitra ? (Où es-tu), toi que l’hymne attire dans la demeure des Richis, ou près du foyer (d’Agni) ?

2. C’est ici qu’Indra s’est fait entendre. Ce (dieu), armé de la foudre et digne de nos éloges, s’est annoncé à nous aujourd’hui, tel que Mitra, étendant parmi les nations sa gloire incomparable.

3. Maître de la force, il est sans rival. Il répand avec profusion ses bienfaits. Il porte la

  1. Ce sont les Libations, ou les Hymnes.
  2. Voy. page 263, col. 1. Agni dort dans l’Aranî.
  3. Nous avons vu que Soma est souvent comparé à un cheval impétueux. Les rayons d’Agni lui-même sont distingués par le nom de chevaux.
  4. Nom particulier d’un Richi ; nom général des prêtres.
  5. Ce mot, comme nous l’avons vu ailleurs, s’emploie pour désigner le sacrificateur.
  6. Le commentaire entend aussi ce mot dans le sens de sacrificateur (Swayantri yadjamâna).
  7. Ce sont les Vaches célestes, qui portent en leur sein la semence ignée qui fertilise la terre ; ou bien ce sont les flammes du sacrifice.