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[Lect. VIII.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

14. Que Savitri nous protége par devant, par derrière, du côté du septentrion, du côté du midi. Qu’il comble tous nos désirs ; qu’il nous accorde une longue vie.


HYMNE V.
À Sourya, par Abhitapas, fils de Sourya.
(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. Salut à l’œil divin de Mitra et du grand Varouna ! Honorez-le donc par le sacrifice. Chantez Soûrya, l’enfant du Ciel, l’étendard divin, (l’être) dont le regard se prolonge au loin.

2. Que la sainte Prière m’entoure de sa protection ! Au moment où s’étendent le Ciel et la Terre, (apparaît) la lumière. Soûrya pénètre dans le monde entier ; chaque jour il se lève, chaque jour il traverse l’océan (aérien).

3. L’impie fuit devant tes rayons, quand tu pousses tes coursiers rapides. Soûrya, tu rouvres les portes de la région orientale ; tu apparais avec une lumière nouvelle[1].

4. Ô Soûrya, avec cette lumière qui tue les ténèbres et qui éclaire le monde entier, repousse loin de nous la faim, la pauvreté, la maladie, qui éteint la voix de l’invocation.

5. Tu viens surveiller nos œuvres ; tu arrives avec bonté près de nos offrandes. Ô Soûrya, nous t’invoquons aujourd’hui. Que les dieux reçoivent nos hommages.

6. Que le Ciel et la Terre, que les Eaux, qu’Indra et les Marouts entendent notre prière. Puissions-nous toujours jouir de la vue de Soûrya ! Puissions-nous vivre heureux et atteindre la vieillesse !

7. Ô Soûrya, dont la lumière est si douce, puissions-nous, pleins de santé et d’innocence, doués d’un esprit sain et de bons yeux, entourés d’une belle famille, te voir longtemps chaque jour à ton lever !

8. Ô Soûrya, (dieu) au regard perçant, puissions-nous vivre longtemps, et te voir apportant la grande lumière, éblouissant les yeux, étalant dans les cieux la merveille de ta force prodigieuse !

9. Tous les mondes accourent à la vue de ton étendard, et se plongent dans tes rayons. Ô Soûrya, (dieu) à la brillante chevelure, purifie nos fautes, et amène-nous des jours heureux.

10. Que par toi la clarté, le jour, la lumière, la fraîcheur, la chaleur nous soient propices ! Ô Soûrya, prodigue-nous tes biens divers, pour que le bonheur soit avec nous et dans notre maison et dans nos voyages !

11. Ô Dieux, prenez sous votre protection les deux espèces d’êtres, les bipèdes et les quadrupèdes. Faites-nous jouir avec innocence de tous les biens, qu’ils soient grands ou faibles, qu’il s’agisse de boire ou de manger.

12. Ô Dieux puissants, si avec la langue ou la pensée nous vous avons offensés par quelque faute grave, faites retomber la peine de ce péché sur l’impie qui vous outrage.


HYMNE VI.
À Indra, par Indra.
(Mètre : Djagatî.)

1. Ô Indra, dans nos glorieux combats, dans nos œuvres laborieuses, tu fais entendre ta voix. Tu nous distribues ton butin sur ce champ de bataille où, se disputant la possession des Vaches (célestes), de terribles guerriers agitent leurs armes brillantes.

2. Ô Indra, répands dans nos demeures une opulence renommée. Que nos champs soient fertiles et arrosés par le nuage. Ô puissant Sacra, que nous soyons forts de la force ; que nous triomphions par toi. Comble tous nos vœux.

3. Ô Indra, objet de nos louanges, que l’impie, quel qu’il soit, Arya ou Dasyou, qui tente contre nous le combat, soit vaincu par nous. Que par toi nous renversions nos ennemis au milieu de la mêlée.

4. Quel que soit le nombre des combattants, Indra mérite d’être invoqué. C’est lui qui donne aux héros leur récompense. Nous appelons aujourd’hui à notre secours le fameux, le vaillant Indra, qui par le don du butin reconnaît notre piété.

5. Ô généreux Indra, tu as le renom d’un bienfaiteur qui répand libéralement ses largesses. Débarrasse-nous de Coutsa[2] ; viens toi-même.

  1. Le commentateur croit que dans cette phrase il y a une opposition entre la lumière du soleil et celle de la lune.
  2. Nous avons essayé d’expliquer, page 239, col. 2, note 1, la légende de Coutsa, fils d’Ardjounî. Il me semble que le passage présent confirme en partie ma pensée. Mais, au lieu de voir dans ce personnage une éclaircie du ciel, ce doit être la faible lumière du matin ; c’est un mauvais Indra (coutsita), privé de virilité (mouchcayor baddhah).