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[Lect. VIII.]
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RIG-VÉDA. — SECTION SEPTIÈME.
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Car un (autre) qui te ressemble siége à ta place, privé de virilité.


HYMNE VII.
Aux Aswins, par Ghochâ, fille de Cakchivan.
(Mètres : Trichtoubh et Djagatî.)

1. Dans nos perpétuelles invocations, nous appelons, ô Aswins, votre char qui roule autour du monde. L’holocauste à la main, nous renouvelons notre prière au retour de la nuit, à l’arrivée de l’Aurore. Nous invoquons votre nom comme celui d’un père.

2. Donnez le signal à nos hymnes et à nos prières. Que nos chants s’élèvent. Nous vous attendons. Ô Aswins, accordez-nous une part glorieuse. Faites-nous briller parmi les riches comme le soma (parmi les libations).

3. Vous êtes le bonheur de (Ghochâ)[1], confinée dans la maison (de son père). Vous avez sauvé un boiteux qui rampait sur la terre[2], un aveugle[3] ; vous avez délivré Crisa[4]. Et l’on vous appelle, ô Nâsatyas, les médecins du malade.

4. Le char de l’antique Tchyavâna était brisé. Vous avez rendu la jeunesse (au Kichi), et lui avez donné la force de marcher[5]. Vous avez retiré des eaux le fils de Tougra[6]. Voilà tous vos bienfaits que nous célébrons dans les sacrifices.

5. J’ai chanté parmi le peuple vos antiques prouesses. Vous vous êtes montrés de merveilleux médecins. Ô Nâsatyas dignes de nos louanges, nous vous honorons pour obtenir votre secours. Que le maître (du sacrifice) vous adresse son hommage.

6. Et moi, (Ghochâ), je vous invoque. Écoutez-moi, ô Aswins ! Soyez bons pour moi comme un père pour son enfant. Je suis inconnue, sans parents, sans famille, sans lumière. Délivrez-moi de la malédiction qui pèse sur moi.

7. Vous avez sur votre char amené à Vimada son épouse Soundhyou, (fille) de Pouroumitra[7]. Vous êtes accourus à la voix de Badhrimatî : vous avez exaucé le vœu de Pourandhi[8].

8. Le sage Cali[9] devenait vieux ; vous lui avez rendu la jeunesse. Vous avez retiré Bandana[10] d’un puits ; vous avez donné une jambe à Vispalâ[11].

9. Ô généreux Aswins, vous avez enlevé d’un puits Rébha[12] mourant. Vous avez rendu supportable pour Atri[13] Saptavadhri la fournaise où il était renfermé.

10. Ô Aswins, vous avez donné à Pédou[14] un cheval blanc, accompagné de quatre-vingt-dix-neuf autres ; coursier vigoureux et admirable, terrible pour ses ennemis, secourable pour ses amis, et, tel que Bhaga, digne de nos invocations.

11. Ô rois irréprochables, adorables Aswins, qui suivez la voie de Roudra, celui que vous placez, avec (l’Aurore votre) épouse, sur le devant de votre char, ne connaît ni le mal, ni le péché, ni la crainte.

12. Ô Aswins, venez avec ce char,[15] rapide comme la pensée, que les Ribhous vous ont donné, et sur lequel est née la fille du Ciel, aussi bien que le Jour et la Nuit, enfants de Vivaswân.

13. Sur ce char triomphant allez vers la montagne (céleste)[16], ô Aswins ! Donnez du lait à la Vache de Sayou[17]. Par votre puissance délivrez de la gueule du loup le passereau qu’il dévore[18].

14. Ô Aswins, nous avons fait cet éloge en votre

  1. Voy. page 116, col. 1, et page 121, col. 1. L’hymne que nous traduisons est attribué à Ghochâ, qui me semble un personnage allégorique. Ghochâ est la Prière, un époux qui trouve dans le dieu quelle invoque.
  2. Parâvridj. Voy. page 109, col. 2 et page 173, col. 2.
  3. Dîrghatamas ou un autre comme Ridjrâswa. Voyez page 116, col. 2 et page 137 col. 2.
  4. Le commentaire donne le mot crisa, qui signifie infirme, comme un nom propre.
  5. Voy. page 114 et alibi.
  6. Bhoudjyou. Voy. page 109 et alibi.
  7. Voy. page 73, col, 1.
  8. Je pense que Badhrimatî et Pourandhi sont deux noms d’une même personne. Voy. page 114 et col. 2, note 3.
  9. Voy. page 110, col. 1.
  10. Le sage Bandana, par le chagrin d’avoir perdu sa femme, s’était jeté dans un puits. Voy. page 109 et alibi.
  11. Voy. page 109, col. 2 et alibi.
  12. Voy. page 109, col. 1 et alibi.
  13. Voy. page 109, col. 2 et alibi. Atri est surnommé Saptavadhri ; Voy. page 302, col. 1, note 1.
  14. Voy. page 114, col. 1 et alibi.
  15. Ce char est le sacrifice, personnifié dans Vivaswân : les Ribhous ou les prêtres, avec leurs cérémonies et leurs prières, forment ce char, et par la vertu du sacrifice naissent l’Aurore et le Jour.
  16. Voy. section I, lecture viii, hymne v, stance 16.
  17. Voy. page 110, col. 1 et alibi.
  18. Voy. page 114 et 116. Le texte donne à l’oiseau le nom de Varlicâ, que M. Wilson, dans son Dictionnaire, traduit par caille, et que le commentaire interprète par tchataca (passereau).