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[Lect. II.]
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RIG-VÉDA. — SECTION HUITIÈME.

de ses jointures entrouvertes il a extrait une moelle (onctueuse).

10. Les Ondes sont emportées par Vrihaspati, comme les feuilles le sont par l’hiver. Bala n’a pu garder ses vaches. Vrihaspati accomplit une œuvre incomparable : le soleil et la lune poursuivent leur carrière.

11. De même que l’on couvre un cheval noir d’ornements dorés, ainsi les Pères (du sacrifice) ont semé le ciel d’étoiles brillantes. Ils ont assigné les ténèbres à la Nuit, la lumière au Jour. Vrihaspati a fendu la montagne, et retrouvé les Vaches (divines).

12. Nous avons adressé nos hommages à (Vrihaspati) maître des nuages[1], qui fait entendre sa grande voix. Que ce (dieu) nous accorde l’abondance en vaches, en chevaux, en enfants, en guerriers.


HYMNE VIII.
À Agni, par Soumitra, fils de Badhryaswa.
(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. La vue d’Agni, enfant de Badhryaswa[2], est fortunée ; sa direction heureuse, son approche agréable. Les Soumitras allument ses feux, l’invoquent en versant le ghrita, et chantent sa splendeur.

2. Le ghrita augmente la grandeur d’Agni, enfant de Badhryaswa ; c’est sa nourriture et son ornement. Invoqué, au milieu des libations de ghrita, il s’étend avec majesté ; il brille comme le soleil.

3. Quand Manou, quand Soumitra allume ta face, tu te pares alors de rayons nouveaux. Brille donc avec éclat ; aime nos prières ; enlève les richesses (de tes ennemis), et envoie-nous l’abondance.

4. Ô antique Agni, l’illustre Badhryaswa allume tes feux. Accueille notre hommage. Sois le protecteur de notre sacrifice, et le gardien du corps que nous l’avons donné. Reste ainsi au milieu de nous.

5. Sois fort, ô enfant de Badhryaswa ; sois notre défenseur. Ne te laisse pas vaincre par l’ennemi des nations. Tu es un héros qui renverses et brises (tes adversaires). Moi, Soumitra, je puis célébrer le nom de l’enfant de Badhryaswa.

6. Tu as, en faveur des Aryas, vaincu les Dasyous. Tu t’es emparé de ces montagnes aériennes où ils cachaient leurs trésors. Tu es un héros qui renverses et brises tes adversaires. Ô Agni, triomphe de tes ennemis.

7. Agni est entouré de nombreuses offrandes et de larges libations. La troupe innombrable des Rites et des Vaches (sacrées) environnent ce (roi) puissant. Purifié par les prêtres, au milieu des pieux et brillants Soumitras, brille-toi même, et répands tes clartés.

8. Ô Agni, fils de Badhryaswa et possesseur de tous les biens, les Dévas immortels ont chanté ta grandeur. Les enfants de Manou sont venus te prier, et tu as triomphé avec tes serviteurs, qui le doivent leur bonheur.

9. Ô Agni toujours jeune, Badhryaswa, en t’honorant, (t’a pris) comme un père (prend) son enfant, et t’a apporté sur le foyer. Ornant le bûcher qu’il t’avait préparé, tu as dès le matin repoussé tes ennemis.

10. Avec les Badhryaswas qui versent le soma, Agni a toujours vaincu ses ennemis. Ô (Dieu) paré de mille rayons, tu brûles ton adversaire ; et (l’ami) que tu protéges peut renverser son superbe rival.

11. Agni, vainqueur de Vritra, a vu longtemps ses feux allumés par Badhryaswa ; il l’a entendu invoquer son nom. Ô fils de Badhryaswa, triomphe de ceux qui nous sont étrangers et même de nos parents, qui deviendraient nos ennemis.


HYMNE IX.
À Agni et à d’autres dieux, par Soumitra.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Ô puissant Agni, (viens) au foyer de nos libations[3] ; sois l’ornement de mon bûcher ; élance-toi vers la (cuiller) qui verse le ghrita[4]. Dresse-toi sur le sein de Prithivî et sous un ciel serein pour l’honneur des Dieux.

  1. Abhriyah.
  2. Badhryaswa est un sage, dans la famille duquel naît Agni (Badhryaswacoulé mathanéna samoutpannah) pour le sacrifice. Ou plutôt Badhryaswa doit être un de ces dévas du sacrifice, qui président à la naissance d’Agni. Son nom indique que les chevaux ou rayons du dieu sont sans vigueur : Agni Badhryaswa est donc Agni mort dans l’Aranî, et revenant à la vie par le moyen du frottement des deux pièces de bois. Badhryaswa doit être le même personnage que Saptabadhri.
  3. Ce foyer s’appelle Haspada, mot qu’il ne faut pas confondre avec Hâpada. Voy. page 206, col. 2, note 3.
  4. Cette cuiller porte le nom de Ghritâtchi.