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[Lect. IV.]
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RIG-VÉDA. — SECTION HUITIÈME.

C’est lui qui a fait tout ces animaux qui vivent dans l’air, dans les bois, dans nos maisons.

9. Du Sacrifice sont nés avec (le Feu) invoqué par tous les hommes, les Hymnes (Ritchas) et les Chants (Samâni), les Mètres (sacrés) et les Rites (Yadjous.)

10. Du Sacrifice sont nés les animaux qui ont une double rangée de dents, les chevaux, les vaches, les chèvres et les brebis.

11. Les (Dévas), possesseurs de Pouroucha, que n’ont-ils pas formé ? Qu’appelle-t-on sa bouche ? ses bras ? ses cuisses ? ses pieds ?

12. Le Brahman a été sa bouche ; le prince (Râdjanya), ses bras ; le Vêsya, ses cuisses. Le Soûdra est né de ses pieds.

13. Tchandramas est né de son manas ; Soûrya, de son œil ; Indra et Agni, de sa bouche ; Vâyou, de son souffle.

14. De son ombilic est venu l’Air. Le Ciel est sorti de sa tête. Il a formé de ses pieds la Terre, de son oreille les Régions de l’air : il est l’auteur de tous les mondes.

15. Autour de lui sont sept assistants[1] ; ses feux sont allumés avec vingt et un[2] morceaux de bois, quand les Dévas, célébrant le sacrifice, font de Pouroucha un holocauste.

16. Le premier devoir des Dévas a été de célébrer le sacrifice avec Pouroucha, et ils sont arrivés avec grandeur dans ce ciel où siégent les antiques Sâdhyas.


HYMNE VI.
À Agni, par Vitahavya, fils d’Arouna.
(Mètres : Trichtoubh et Djagatî.)

1. Le (dieu surnommé) Damoûnas,[3] célébré dès le matin (par les prêtres), allume ses feux dans le foyer, et reçoit la nourriture qu’il désire au séjour des offrandes[4]. Maître brillant, illustre porteur de l’holocauste, il aspire à se montrer aussi généreux ami.

2. Remarquable par sa richesse, c’est un hôte qui habite nos maisons, de même que le voleur (habite) les bois. Il nous aime comme s’il était de notre race ; il demeure parmi nous comme s’il était de notre nation.

3. Ô Agni, tu possèdes tout ; tu es fort de la force (du sacrifice) ; tu es puissant de la puissance des œuvres (saintes) ; tu es sage de la sagesse (de nos prêtres). Maître incomparable, tu es riche de ces richesses qu’embellissent le Ciel et la Terre.

4. Ô prévoyant Agni, tu viens, à l’heure propice, dans la demeure d’Ilâ, t’asseoir au foyer couvert de ghrita. Tes nobles rayons s’élancent, tels que ceux des Aurores ou du Soleil.

5. Oui, tels que les rayons des Aurores ou tels que les éclairs du nuage, brillent tes trésors, quand tu dévores les plantes et le bois qu’on jette dans ta bouche pour ta nourriture.

6. Quand le moment est venu, il est successivement enfanté par les Plantes et par les Ondes, qui deviennent ses mères. Chaque jour les Arbres et les Bois l’engendrent, et il est leur nourrisson.

7. Ô Agni, excité par le vent, poussé rapidement au sein du bûcher, tu t’empares de ton aliment. Tels que des écuyers rapides, tes rayons immortels portent de tous côtés ta splendeur brûlante.

8. Tu es le maître de la prière, l’auteur du sacrifice, le sage et victorieux pontife. C’est toi que l’on adore avec le même cœur, quelle que soit la richesse de l’holocauste qui t’est présenté.

9. Les sages dévoués à ton service, ô Agni, t’honorent dans les sacrifices comme le chef des saintes pratiques ; et les enfants de Manou, assis sur un pur gazon, animés d’un zèle pieux, prodiguent pour toi les mets et les holocaustes.

10. Au moment convenable, ô Agni, nous te présentons les offrandes contenues dans l’hotra, le potra et le nechtra[5]. Tu es le directeur du sacrifice. Nous te louons, toi qui es prêtre et pontife, toi qui es le maître[6] dans notre maison.

11. Ô immortel Agni, le mortel qui t’honore avec le feu, ou qui t’adresse l’holocauste, a le bonheur de t’avoir pour prêtre. Tu remplis pour lui les fonctions de messager, de héraut, de sacrificateur, de pontife.

12. En l’honneur d’(Agni), puissant possesseur de tous les biens, se sont réunis, accompagnés des Offrandes, les Prières, les Invocations, les Hymnes, les Supplications, les Louanges. Il aime à les entendre et à les exaucer.

  1. Ce sont les sept mètres des hymnes. Le commentaire compte aussi sept feux, qu’il appelle l’Echtica, l’Ahavanîya, le Gârhapatya, les trois Outtaravédicas, et le Soleil.
  2. Voy. page 443, col. 1, note 2.
  3. Voy. page 122, col. 1, note 1.
  4. Ilaspadé, qu’il ne faut pas confondre avec Ilâyâtpadé.
  5. Ce sont trois vases du sacrifice, servant sans doute aux trois officiers appelés Hotri, Potri, Nechiri.
  6. Grihavati.