Page:Langlois - Rig Véda.djvu/595

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
[Lect. VI.]
587
RIG.-VÉDA. — SECTION HUITIÈME.

d’Indra. Il boit le soma, et sa grandeur s’accroît, sa puissance se fortifie.

2. Vichnou[1] célèbre sa grandeur, et produit pour lui la plante du soma. Le magnifique Indra vient avec tous les dieux attaquer Vritra, et se distingue par sa valeur.

3. Quand, mesurant ses armes avec Vritra et avec Ahi, il soutient le combat, nos louanges lui sont acquises. Ô terrible Indra, tous les Marouts, rassemblés autour de toi, ont augmenté ta force.

4. À peine né, ce héros a frappé ses ennemis ; ses yeux se sont ouverts pour le combat et la gloire. Il fend la montagne (céleste), délivre les ondes, et affermit le ciel, heureux de ses exploits.

5. Indra se montre bientôt le maître souverain ; il terrasse au loin ses ennemis au ciel et sur la terre. Terrible en sa colère, il lance sa foudre de fer, pour protéger Mitra, Varouna et son dévot serviteur.

6. En voyant la colère de cet Indra renommé pour sa force, et redoutable par ses menaces, les Ondes se sont précipitées avec violence ; et le (Dieu) puissant a percé Vritra, qui les retenait au sein de ses ténèbres.

7. Les deux combattants se rencontrèrent, déployant toute la vigueur naturelle à deux nobles héros. (Vritra) est frappé, et les ténèbres tombent avec lui. Au premier appel, Indra prouve qu’il est le maître suprême.

8. Avec l’invocation et le soma, tous les Dévas ranimaient tes forces. Vritra et Ahi succombent sous les coups d’Indra, et disparaissent comme l’holocauste sous les dents dévorantes d’Agni.

9. Par vos prières et vos œuvres pieuses, par vos hymnes reconnaissants, célébrez l’amitié d’Indra, qui terrasse Dhouni et Tchoumouri, et exauce les vœux de Dabhîti[2].

10. Apporte-nous des présents nombreux ; (donne-nous) de superbes chevaux. Que pour tes bienfaits je puisse chanter tes louanges. Que par des routes faciles nous traversions tous les maux (de la vie). Montre-nous aujourd’hui le gué par où nous puissions passer.


HYMNE IX.
À divers dieux, par Sadhris, fils de Viroupa, ou Gharma, fils de Tapas.
(Mètres : Trichtoubh et Djagatî.)

1. Le couple de ces (Dieux) brillants[3] qui éclairent l’horizon s’est étendu dans les trois (mondes). Mâtariswan est venu les flatter tous les deux. Soutiens (des hommes), les Dévas ont recherché le lait céleste, et ont fait entendre la voix harmonieuse de l’hymne[4].

2. Sur le foyer de terre siégent trois (feux) qui président à l’holocauste. Les sages éclairés par la science les distinguent, et connaissent le trésor qu’ils y déposent dans la solennité de leurs œuvres mystérieuses.

3. Toujours beau et jeune, (l’Autel)[5] présente ses quatre côtés ; il se couvre d’holocaustes et s’humecte de ghrita. Sur cet Autel, où les Dieux reçoivent la part qui leur est due, se dressent deux (divinités)[6] au (cœur) généreux, à l’aile rapide.

4. L’un de (ces dieux)[7] à l’aile rapide s’élève dans l’océan (de l’air), et de là regarde le monde entier. Occupé de l’holocauste et de la prière, je l’ai vu de près. (Vache du sacrifice), lèche ton enfant. (Veau d’une telle vache), lèche ta mère.

5. L’autre (dieu) également ailé[8] est formé par la voix des sages poëtes, et apparaît sous des (noms) différents. Ceux qui dans les sacrifices préparent les mètres (sacrés), remplissent (en son honneur) douze coupes de soma[9].

  1. Le commentaire suppose que Vichnou signifie ici le Sacrifice.
  2. Voir page 111, col. 1 ; page 173, col. 1 et alibi.
  3. Il est question d’Agni et d’Aditya.
  4. Arca : le commentaire regarde ce mot comme synonyme de Soûrya (soleil), et les Dévas sont pour lui les rayons enflammés de l’astre.
  5. Le mot Vedi est sous-entendu dans le texte.
  6. Le commentateur croit que ces deux personnages, que je suppose être Agni et Aditya, sont l’époux et l’épouse qui offrent le sacrifice, ou bien le prêtre et le père de famille.
  7. Quelles que soient les explications embarrassées du commentaire, ce dieu me semble être Agni, dont la flamme s’élève du foyer et illumine l’air. Dans ses mouvements ondoyants, cette flamme lèche la terre du foyer, qui est sa mère, et qui paraît à son tour lui rendre cette caresse.
  8. Cet autre dieu est Aditya ou le Soleil, qui est formé par le sacrifice ; on compte ordinairement douze Adityas, représentant les douze mois.
  9. Les sages composent des invocations poétiques qui sont prononcées, en même temps que l’on fait la libation, en l’honneur des diverses divinités, dont même elles portent le nom. Le commentaire entre à ce sujet dans quelques explications qui m’ont paru un peu confuses. Le soleil amène des divisions de l’année en douze mois, en trente jours, en quatre saisons : par son lever et son coucher il trace une ligne droite ; par son midi il indique la place d’une autre ligne, qui doit couper la première à angles droits, et les extrémités de ces deux lignes forment les quatre disas. À l’occasion de ces diverses divisions du temps et du ciel il y a des sacrifices, et nécessairement des prières et des libations.