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[Lect. VI.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

6. Outre ces douze coupes, les auteurs des mètres (sacrés) en remplissent encore six, et trente, et quatre. Ainsi avec la prière les poëtes forment le Sacrifice, et donnent pour roues à son char l’hymne et le chant[1].

7. En l’honneur de ce grand (dieu) quatorze[2] autres (coupes sont encore remplies). Sept sages le dirigent avec leurs voix. Qui dira par quelle route on amène les (Dieux) à ce tîrtha (appelé) Apnan[3], où se boit le soma ?

8. On compte les hymnes par cinquante mille. Le nombre en est si grand que le ciel et la terre sont étendus. (Que dis-je ?) en l’honneur du grand (Dieu) ils existent par milliers de mille. La (sainte) prière se multiplie de même que le sacrifice.

9. Quel sage connaît toute la suite des mètres ? qui a parcouru tout le champ de la prière ? Parmi nos prêtres est-il un huitième Richi ? Qui possède les deux coursiers d’Indra[4] ?

10. Cependant (les chevaux du soleil) sont arrivés aux confins de la terre, et le char auquel ils sont attelés s’est arrêté. (Les Dévas) leur ouvrent la demeure du repos, pendant qu’Yama règne dans le palais (céleste).


HYMNE X.
À Agni, par Oupastouta, fils de Vrichtihavya.
(Mètres : Trichtoubh, Djagatî et Sakwarî.)

1. La tâche du jeune nourrisson est admirable ; mais ses deux mères ne sauraient le soutenir[5]. Celle qui l’a enfanté n’a point de mamelle ; et cependant (il grandit), il est bientôt assez fort pour remplir sa grande mission de messager.

2. Le généreux Agni, empressé d’agir, est animé par le sacrifice. De sa dent brillante il brise le bois (du bûcher). Entouré des Rites pieux, (il est nourri) par le jus de la cuiller (sacrée), et (repose) en maître (sur le foyer), comme un taureau superbe sur le gazon.

3. (Célébrez) ce dieu placé (sur son bûcher) comme l’oiseau sur (les branches) d’un arbre, nageant avec bruit au milieu d’une mer de libations ; dans sa bouche il semble porter l’holocauste. Renommé pour la grandeur de ses œuvres, il éclaire toutes les voies de son superbe éclat.

4. (Dieu) immortel et rapide, quand tu veux brûler, les Vents invincibles sont autour de toi. Tels que des combattants aux clameurs bruyantes, ils assistent le puissant Trita pour le sacrifice.

5. Agni est l’ami et le chef des Canwas[6] ; il est le vainqueur de tout ennemi, qu’il reste éloigné ou qu’il ose s’approcher. Qu’Agni protége ces chantres et ces pères de famille ; qu’Agni nous accorde son secours.

6. Ô toi qu’honorent les Pères (du sacrifice), je m’adresse à un (dieu) qui est fort et triomphant, qui possède tous les biens. (Tel qu’un homme perdu) dans le désert, (je présente) mon holocauste à un maître magnifique et bon, qui peut me sauver.

7. C’est ainsi qu’Agni, généreux enfant de la Force, est célébré par les mortels, prêtres ou pères de famille. Devenus pour lui comme des amis, tels que des soleils brillants, ces dévots serviteurs possèdent une puissance victorieuse.

8. Ô fils de l’Offrande, tu es fort. La voix d’Oupastouta te salue, et féconde la libation. Nous te louons. Puissions-nous par toi conserver notre vigueur, et prolonger notre vie !

9. Ô Agni, les Oupastoutes, enfants de Vrichtihavya ont invoqué ton nom. Conserve ces chantres et ces pères de famille. En criant Vachat ! ils se sont levés ; oui, ils se sont levés pour t’adorer.


HYMNE XI.
À Indra, par Agniyouta, fils de Sthoula.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Ô puissant Indra, bois ce soma pour augmenter ta force. Bois pour résister à Vritra. In-

  1. Le Rig et le Sâman.
  2. Ces quatorze coupes me semblent représenter un pakcha composé de deux semaines. L’attribution du nombre sept aux Richis du sacrifice paraîtrait devoir être une conséquence de l’existence de la semaine dans ces temps antiques. La semaine est la moitié d’un pakcha.
  3. Le commentaire traduit ce mot par vyâpanasîla. J’ignore s’il faut considérer ce mot comme un nom propre. L’œuvre du sacrifice s’appelle apnan ; il est une famille de prêtres appelés Apnavânas.
  4. Le commentateur insinue que les deux coursiers d’Indra sont le Rig et le Sâman (la poésie et le chant).
  5. Les deux mères d’Agni sont ici les deux pièces de l’Aranî.
  6. C’est à-dire des chantres en général.