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[Lect. II.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

3. Endors les deux funestes jumelles (messagères d’Yama)[1] ; qu’elles reposent sans s’éveiller. Indra, toi qui es riche, donne-nous la renommée en nous accordant par milliers des vaches et de superbes chevaux.

4. Qu’ils dorment, ceux qui ne nous veulent que du mal ! noble héros, qu’ils s’éveillent, les amis qui désirent notre bien ! Indra, toi qui es riche, donne-nous la renommée en nous accordant par milliers des vaches et de superbes chevaux.

5. Indra, frappe le méchant qui, comme l’une, ose élever pour te louer une voix odieuse. Indra, toi qui es riche, donne-nous la renommée en nous accordant par milliers des vaches et de superbes chevaux.

6. Que le vent pousse au loin l’orage ; qu’il le détourne de nous, et le fasse tomber sur la forêt. Indra, toi qui es riche, donne-nous la renommée en nous accordant par milliers des vaches et de superbes chevaux.

7. Détruis tout ce qui élève la voix autour de nous ; donne la mort à l’ennemi qui menace notre tête. Indra, toi qui es riche, donne-nous la renommée en nous accordant par milliers des vaches et de superbes chevaux.


HYMNE XI.

À Indra, aux Aswins et à l’Aurore, par Sounahsépa.

(Mètres : Gâyatrî et Trichtoubh.)

1. Comme on remplit un large réservoir, comblez Indra, le grand Satacratou, d’offrandes et de libations.

2. (L’eau) coule dans la vallée ; de même Indra vient (naturellement) vers ces cent breuvages, vers ces mille mets préparés avec soin.

3. Ces (offrandes) font la joie de ce (dieu) puissant ; son vaste sein les reçoit et les contient, comme la mer (renferme les ondes).

4. Ces libations sont pour toi ; viens à nous de même que la colombe vient à sa compagne, et accueille nos prières.

5. Maître des richesses, héros que nos chants élèvent, ô toi que nous célébrons, à ta puissance ajoute la bonté et la justice !

6. Lève-toi, Satacratou, pour nous secourir dans ce combat. Notre reconnaissance n’oubliera pas de t’invoquer encore.

7. Dans toutes les circonstances, dans tous les combats, c’est le puissant Indra que nous appelons à notre secours, nous qui sommes ses amis.

8. S’il entend notre appel, qu’il nous soutienne par mille secours, (qu’il nous fortifie) par de nombreux aliments.

9. J’invoque le dieu fort qui de son antique (et céleste) séjour vient visiter les hommes, lui qu’autrefois invoqua aussi mon père.

10. Toi que tous chérissent et appellent, toi notre ami et notre refuge, nous te louons ; (sois favorable) à ceux qui chantent (ta gloire).

11. (Dieu) armé de la foudre, et ami, comme nous, du soma ; toi qui nous rends amour pour amour, (nous t’invoquons pour obtenir) des vaches (fécondes).

12. Qu’il en soit ainsi, (dieu) armé de la foudre, (dieu) ami du soma, et notre protecteur. Comble les désirs de tes serviteurs.

13. Par la faveur d’Indra, qui partage notre bonheur, que nos (vaches) soient fécondes et robustes ; qu’elles fassent notre joie, et nous donnent une nourriture abondante.

14. Terrible (Indra), que les autres dieux, heureusement disposés par toi, non moins que toi sensibles à nos louanges, soient pour nous comme l’axe qui soutient et fait tourner les roues du char !

15. Tu es déjà pour nous, Satacratou, cet axe bienfaisant ; ce que peuvent désirer tes panégyristes, tu le leur accordes en récompense de leurs offrandes.

16. Au milieu des hennissements (des chevaux), des cris, des souffles haletants, Indra gagne de (glorieuses) dépouilles. Fort et généreux, que (ce dieu) nous donne un char d’or ; qu’il nous donne les biens dont il peut disposer !

17. Venez, bienfaisants Aswins, et que nos offrandes nous fassent obtenir de vous des chevaux, des vaches, de l’or.

18. Ô bienfaisants Aswins, un même char, un (char) immortel vous transporte à travers l’océan (de l’air).

19. De ce char une roue touche la crête de la (montagne) inabordable, l’autre roule dans le ciel[2].

  1. Le commentaire, en nous disant que ces deux personnages sont les messagères d’Yama ou de la mort, ne donne pas d’autres détails.
  2. Les deux Aswins représentent les deux crépuscules, ou plutôt le jour et la nuit. Leur char, c’est le ciel dont une partie est éclairée, et l’autre plongée dans l’obscurité. Il en résulte que le poëte dit qu’une des roues de ce char (une des deux surfaces célestes) est dans une région inaccessible, et l’autre dans notre atmosphère.