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[Lect. II.]
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RIG-VÉDA. — SECTION PREMIÈRE.

que tu soutiens dans les batailles, ne manquera jamais de te préparer des offrandes.

8. Dieu, invincible, cet homme est vainqueur de tous ses ennemis, et acquiert une force à jamais mémorable.

9. Que ce dieu, qui voit tout, accorde la victoire à nos cavaliers, et la richesse à nos sages !

10. Éveillé par nos chants, accueille le sacrifice de chaque mortel, et l’hymne par lequel il prétend charmer ta colère.

11. La grandeur d’Agni est sans borne ; la fumée (du sacrifice) forme sa bannière ; son éclat est immense. Qu’il reçoive avec faveur nos prières et nos offrandes !

12. Qu’il prête l’oreille à nos chants, cet Agni qui remplit tout de sa splendeur, qui est l’étendard des dieux, qui, comme un roi, brille par sa richesse.

13. Adoration aux grands dieux ; adoration aux dieux enfants ; adoration aux dieux jeunes ; adoration aux dieux âgés. Nous offrons aux dieux tous les sacrifices que nous pouvons. Ô dieux, (il dépend de vous) que l’hommage dû à vos bontés ne soit jamais interrompu.


HYMNE IX.

À Indra, aux instruments du sacrifice, par Sounahsépa.

(Mètres : Anouchtouth et Gâyatrî.)

1. Dans cet endroit où s’élève une pierre à la base profonde pour recevoir les libations, Indra, viens boire le jus préparé dans le mortier[1].

2. Dans cet endroit où, pareils à deux djaghanas[2], figurent les deux bassins destinés au soma, Indra, viens boire le jus préparé dans le mortier.

3. Dans cet endroit où la mère de famille entre et sort avec empressement[3], Indra, viens boire le jus préparé dans le mortier.

4. Dans cet endroit où l’on passe une lanière autour du bâton (de l’aranî)[4], comme une rêne au col d’un cheval fougueux, Indra, viens boire le jus préparé dans le mortier.

5. Quelle que soit l’œuvre à laquelle on t’emploie dans chaque maison, ô mortier ! résonne d’une manière éclatante, tel que le tambour des vainqueurs.

6. Ô pilon[5] ! à ton extrémité l’air souffle avec force. Ô mortier ! prépare le breuvage d’Indra !

7. Ô mortier ! ô pilon ! instruments du sacrifice, vous qui apprêtez les mets (des dieux), séparez-vous, unissez-vous comme les mâchoires[6] qui broient la nourriture.

8. Nobles instruments de bois[7], avec ces nobles faiseurs de soma vous nous préparez aujourd’hui pour Indra une boisson aussi douce que le miel.

9. Toi, (Haristchandra)[8], emporte le soma tombé dans le bassin ; verse-le sur le filtre, et que la peau de vache le reçoive[9].


HYMNE X.

À Indra, par Sounahsépa.

(Mètre : Panctî.)

1. (Divinité) sincère et amie du soma, nous sommes comme frappés de malédiction ; mais, Indra, toi qui es riche, donne-nous la renommée en nous accordant par milliers des vaches et de superbes chevaux.

2. (Dieu) à la noble face[10], maître des offrandes, compagnon de Satchî[11], à toi la puissance ! Indra, toi qui es riche, donne-nous la renommée en nous accordant par milliers des vaches et de superbes chevaux.

  1. Le mortier s’appelle ici ouloûkhala. Voy. lecture i, note 6, col. 1, pag. 49. La pierre dont on vient de parler est le foyer destiné au feu du sacrifice.
  2. Figure peu décente. Le Dictionnaire de M. Wilson traduit ce mot par 1o mons Veneris, 2o the hip and loins.
  3. La mère de famille se chargeait des détails du sacrifice relatifs au ménage, des fleurs, du lait, du beurre, etc. Elle entrait dans la salle, et en sortait pour donner ses ordres au dehors.
  4. Voy. lecture i, note 2, col. 1, pag. 47. Avec le bois de sami on fait une pièce cubique de cinq pouces de diamètre, qui a une petite ouverture dans la partie supérieure. On y introduit un morceau d’aswattha, que deux personnes tirent et font tourner par le moyen d’une lanière.
  5. Vanaspati veut dire arbre. Il m’a semblé qu’ici ce mot signifiait un morceau de bois, et que ce morceau de bois, c’était le pilon.
  6. Tel est le sens extraordinaire que j’ai cru devoir donner au mot hari. Il faut se rappeler qu’il est formé de hri.
  7. Je suppose que le mortier est de bois, comme le pilon ; voilà pourquoi le mot vanaspati est au duel.
  8. Ce mot n’est pas dans le texte. Il est donné par les commentateurs, qui croient, les uns, que c’est un dieu ainsi nommé, les autres, que c’est ou un ministre du sacrifice, ou le père de famille lui-même.
  9. Le Soma, pressé par le pilon dans le mortier, était jeté dans un bassin (tchamou) (lecture i, note 3, col. 2 pag. 48) ; on le versait sur un filtre, qui était une peau de vache percée.
  10. Voy. lecture i, note 1, col. 2, pag. 45.
  11. Satchîvas est traduit ordinairement par puissant ou par sage. Mais comme on dit que Satchî est l’épouse d’Indra, et que les prières sont les épouses des dieux, je donnerais volontiers à Satchî le sens de prières : car satcha veut dire parler. Cependant j’expliquerais aussi ce mot par sagesse, reconnaissant la sagesse pour l’épouse d’Indra, comme Métis est celle de Jupiter.