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[Lect. IV.]
INDE. - POÉSIE LYRIQUE.

14. Tous les anciens sages qui ont imploré ton secours, ô grande (déesse), ont été exaucés. Aurore, accueille également notre prière, et (réponds-nous) par le don d’une brillante et pure abondance.

15. Divine Aurore, après avoir de tes rayons illuminé les portes du ciel, accorde-nous que notre maison soit puissante, que nos ennemis s’en éloignent, et que les vaches fécondes y entretiennent l’abondance.

16. Noble et magnifique Aurore, répands sur nous une large et belle opulence ; que nous obtenions de toi des vaches, de la richesse qui assure le triomphe, et de nombreux aliments !


HYMNE III.

À l’Aurore, par Prascanwa.

(Mètre : Anouchtoubh.)

1. Aurore, viens glorieusement, et monte au ciel resplendissant de lumière ! Que les vaches (célestes)[1], au poil rouge, t’amènent à la maison du (père de famille) qui t’offre ces libations.

2. Aurore, fille du Ciel, sur ce char heureux et magnifique qui te porte, viens aujourd’hui au sein d’une famille disposée à t’honorer par ses offrandes.

3. Ô brillante Aurore, l’oiseau, l’homme[2] et le quadrupède, à ton retour dans le ciel, se lèvent de tout côté.

4. Tu rayonnes, et ton éclat se communique à l’univers. Aurore, les fils de Canwa désirent tes faveurs, et t’invoquent par leurs hymnes.


HYMNE IV.

Au Soleil, par Prascanwa.

(Mètres : Gâyatrî et Anouchtoubh.)

1. Le Soleil, ce dieu qui renferme tous les biens, s’élève aux yeux de l’univers, porté par ses chevaux[3] brillants.

2. Devant le Soleil, œil du monde, les étoiles, telles que les voleurs, disparaissent avec les ombres de la nuit.

3. Ses rayons lumineux éclairent les êtres, étincelant comme des feux.

4. Soleil voyageur[4], (fanal) exposé aux yeux de tous, auteur de la lumière, tu remplis tout le ciel de ton éclat.

5. Tu te lèves à la vue du peuple[5] des dieux, à la vue des hommes, à la vue du ciel entier, pour apporter le bonheur.

6. Soleil purifiant, Soleil protecteur, avec cet œil dont tu vois le monde humain,

7. Tu parcours le ciel et la vaste région de l’air, mesurant les jours et les nuits et contemplant les créatures.

8. Divin Soleil, sept cavales sont attelées à ton char ; ta chevelure est couronnée de rayons, (astre) éblouissant de lumière.

9. Traîné par les sept coursiers purifiants que le Soleil a attelés, le char marche sans contrainte.

10. (Tout à l’heure) environnés de ténèbres, (et maintenant) éclairés par le plus brillant des astres, nous nous présentons devant le Soleil, le plus grand des dieux, la plus belle des lumières célestes.

11. Ô toi dont les rayons sont bienfaisants, Soleil, en te levant aujourd’hui, en montant au haut du ciel, détruis le mal qui me ronge le cœur et pâlit mon visage.

12. Nous donnons nos couleurs jaunes aux perroquets, aux sâricâs[6] ou bien aux (fleurs de) l’hâridrava[7].

13. Le fils d’Aditi vient de naître avec toute sa vigueur. C’est lui qui peut vaincre mon ennemi. Je ne me reconnais pas une pareille puissance.


HYMNE V.

À Indra, par Savya,[8] fils d’Angiras.

(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. Charmez par vos accents Indra, le bélier[9], (chef du troupeau divin), invoqué par toutes les bouches, célébré par nos hymnes ; (Indra), océan de richesses, dont les (œuvres), favorables aux mortels, s’étendent aussi loin que les mondes célestes. Pour obtenir ses faveurs, honorez le plus grand des sages.

2. Que les Ribhous[10], protecteurs généreux, vénèrent cet Indra victorieux, qui remplit l’air et s’environne de puissance ; ce Satacratou, qui

  1. Ces vaches, nous le savons, sont les nuages qui rougissent au lever de l’aurore.
  2. Littéralement, le bipède.
  3. Ces chevaux, ce sont les rayons du soleil qui annoncent le jour. Voilà pourquoi le poëte leur donne le nom de Kétou.
  4. Le commentateur dit que le soleil, en un demi-clin d’œil, fait 2,202 yodjanas.
  5. Le mot visah semblerait indiquer qu’on désigne ici les Marouts, plebs divina.
  6. Turdus salica.
  7. Nauclea cadamba.
  8. Ce Savya, fils d’Angiras, est, dit-on, Indra lui-même. Angiras forma dans le sacrifice, le vœu d’avoir un fils semblable à Indra. Il lui naquit Savya. Voy. pag. 59, col. 2, note 3.
  9. La légende raconte qu’Indra, invoqué par Médhâtîthi, fils de Canwa, vint, sous la forme d’un bélier, boire le soma.
  10. Voy. lecture ii, note 1, col. 1, page 51.