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[Lect. IV.]
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RIG-VÉDA. — SECTION PREMIÈRE.

abat l’orgueil (de ses ennemis). Que leur voix, montant jusqu’à lui, aille l’encourager !

3. À la prière des Angiras, tu as ouvert l’antre qui renfermait les vaches (célestes)[1]. Tu as guidé Atri[2] dans la prison aux cent portes. Tu as donné à Vimada[3] une heureuse abondance de provisions. Sur un champ de bataille, en faveur de ton serviteur, tu as lancé ta foudre.

4. Tu as ouvert le réservoir des eaux (contenues dans le nuage). Tu t’es emparé du trésor de Dânou[4], amassé dans la montagne céleste. Quand Vritra, quand Ahi eurent senti les coups de ta puissance, alors tu as élevé dans le ciel le soleil, pour l’offrir à notre vue.

5. Par ta magie, tu as dissipé les prestiges de ces magiciens, (de ces Asouras), qui consumaient dans leur propre feu les offrandes les plus précieuses[5]. Ami des hommes, tu as brisé les villes (aériennes) de Piprou[6], et, dans (les combats) funestes aux Dasyous[7], tu as sauvé Ridjiswan[8].

6. Tu as préservé Coutsa[9], quand il s’agissait de combattre Souchna[10]. Tu as donné la mort à Sambara[11], en faveur d’Atithigva[12]. De ton pied, tu as renversé le grand Arbouda[13]. Enfin, dans tous les temps, tu as été l’ennemi mortel des Dasyous.

7. En toi est réunie toute vigueur ; ton cœur se plaît à nos libations ; on voit la foudre placée dans ta main. Brise toutes les forces de l’ennemi.

8. Fais une distinction entre les Aryas[14] et les Dasyous. En faveur de celui qui t’offre ce lit de cousa, frappe les impies qui voudraient nous dominer. Sois un guide puissant pour le (père de famille) qui te présente ce sacrifice. Telles sont les grâces que je demande de toi pour ceux qui prennent part à la joie de cette fête.

9. Indra, pour plaire à l’homme pieux, frappe l’impie ; pour plaire à ceux qui l’honorent, il accable ceux qui le dédaignent. Vamra[15], chantant les louanges de cet Indra qui est grand, qui grandit toujours, et remplit le ciel, (Vamra) put renverser le rempart (dont l’avaient entouré les fourmis).

10. Qu’Ousanas[16] essaye de lutter de vigueur avec toi ; bientôt ta force, stimulée par la résistance, fait frémir et le ciel et la terre. Ô toi qui es l’ami des hommes, sois satisfait de nos hommages, et que tes (chevaux), qu’attelle la pensée, t’amènent, aussi léger que le vent, ici, vers nos offrandes.

11. Quand Indra s’entend appeler par nos hymnes, il monte sur son char ; il presse ses deux coursiers à la marche sinueuse. Le (dieu) terrible, du sein du nuage voyageur, fait jaillir une onde impétueuse ; il ébranle les larges cités de Souchna.

12. Te voilà sur ton char, disposé à goûter de nos libations. Tu reçus jadis avec bonté celles de Sâryâta[17], ô Indra ! Puisses-tu te complaire (aussi) en nos offrandes ! Puisse notre hymne monter sans obstacle jusqu’à toi dans le ciel !

13. C’est toi, Indra, qui donnas une jeune épouse, Vrichayâ, au vieux Cakchîvân[18], qui savait te chanter et t’offrir des libations. (Dieu) fameux par tes œuvres, c’est toi qui devins Ménâ, fille de Vrichanaswa[19]. Toutes tes actions méritent d’être célébrées dans nos sacrifices.

14. Indra est le refuge de la piété indigente. Voyez les Padjras[20], où l’hymne (reconnaissant)

  1. Voy. page 44, col. 1, note 7.
  2. Nom d’un ancien Richi. Renfermé par les Asouras dans une maison de travail et de peine (pîdayantragriha) qui avait cent portes, il souffrait de la chaleur : il fut miraculeusement rafraîchi par une pluie que lui envoya Indra ou les Aswins.
  3. Vimada, Râdjarchi, avait été choisi pour époux par la fille de Pouroumitra : ses rivaux voulurent lui enlever son épouse. Il fut protégé par Indra ou par les Aswins.
  4. Voy. page 61, col. 1, note 1. Dânou est la mère de Vritra, et son nom indique les biens dont le nuage est rempli. Le mot dânoumat pourrait se traduire par riche et opulent.
  5. Nous avons vu ailleurs qu’un de ces Asouras porte le nom de Souchna, ou le Desséchant. L’absence des nuages, retenus par lui, entraîne la sécheresse, et la perte des biens de la terre.
  6. Nom d’un Asoura.
  7. Qualification des Asouras.
  8. Nom d’un prince.
  9. Voy. page 61, col. 2, note 3.
  10. Voy. page 47, col. 1, note 1.
  11. Nom d’un Asoura.
  12. Nom d’un saint Richi.
  13. Nom d’un Asoura.
  14. Voy. page 61, col. 2, note 2.
  15. Nom d’un Richi, qui se trouva enterré sous une de ces fourmilières si hautes qu’elles ressemblent à des huiles.
  16. Ousanas, autrement appelé Soucra, est considéré comme le précepteur des Asouras. C’est le nom qu’on donne à la planète de Vénus. L’astre qui persiste le dernier dans le ciel semble vouloir résister à la puissance d’Indra.
  17. Sâryâta est un Râdjarchi, fils de Saryâti et petit-fils de Manou ; il donna sa fille à Tchyavâna.
  18. Voy. page 50, col. 1, note 2.
  19. On peut supposer que Vrichanaswa est le même que Vrihadaswa, prince de la dynastie solaire. Cependant cette légende me paraît allégorique : Vrichâswa est une épithète du soleil.
  20. Les Padjras sont une famille descendue d’Angiras ; ils firent des sacrifices pour obtenir des troupeaux.