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Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/100

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chant les copies partielles qui en ont été conservées. — D’autre part, la critique de provenance ruine l’autorité d’une foule de documents « authentiques », c’est-à-dire non suspects de falsification, en prouvant qu’ils sont dérivés, qu’ils valent ce que valent leurs sources, et que, quand ils embellissent leurs sources par des détails de fantaisie ou des phrases de rhétorique, ils ne valent rien du tout. En Allemagne et en Angleterre, les éditeurs de documents ont pris l’excellente habitude d’imprimer en petits caractères les passages empruntés, en caractères plus gros les passages originaux ou dont la source est inconnue. Grâce à cette pratique, on voit au premier coup d’œil que des chroniques renommées, souvent citées (bien à tort), sont des compilations, sans valeur par elles-mêmes : c’est ainsi que les Flores historiarum du soi-disant Mathieu de Westminster, la plus populaire peut-être des chroniques anglaises du moyen âge, sont presque entièrement tirés des ouvrages originaux de Wendover et de Mathieu de Paris[1].

IV. La critique de provenance garantit les historiens d’erreurs énormes. Les résultats qu’elle obtient sont saisissants. Les services qu’elle a rendus en éliminant des documents faux, en dénonçant de fausses attributions, en déterminant les conditions où sont nés des documents que le temps avait défigurés et en les rapprochant de leurs sources[2], — ces services sont si

  1. Voir l’édition de H. R. Luard (t. I, London, 1890, in-3), dans les Rerum Britannicarum medii ævi scriptores. — Les Flores historiarum de Mathieu de Westminster figurent à l’« Index » romain, à cause des passages empruntés aux Chronica majora de Mathieu de Paris, tandis que les Chronica majora elles-mêmes ont échappé à la censure.
  2. Il serait instructif de dresser la liste des ouvrages historiques célèbres, comme l’Histoire de la conquête de l’Angleterre