Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/104

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désordre par eux-mêmes. Qui donc a parlé de ces gens affairés qui remuent, toute leur vie, des moellons, sans savoir où les poser, et qui soulèvent, ce faisant, des flots de poussière aveuglante ?

I. Ne nous dissimulons pas que, ici comme ailleurs, le premier mouvement, le mouvement naturel, n’est pas le bon. Le premier mouvement de la plupart des hommes, quand il s’agit de recueillir des textes, est de les noter à la suite les uns des autres, dans l’ordre où ils en ont connaissance. Beaucoup d’anciens érudits (dont nous avons les papiers), et presque tous les novices qui ne sont pas avertis, ont travaillé et travaillent de la sorte : ils avaient, ils ont des cahiers où ils notent bout à bout, au fur et à mesure, les textes qu’ils considèrent comme intéressants. — Ce procédé est détestable. Il faut toujours aboutir, en effet, à classer les textes recueillis ; si donc on veut isoler, plus tard, de l’ensemble, ceux qui ont trait à un détail, on ne peut pas se dispenser de relire tous ses cahiers, et l’on est forcé d’en recommencer le laborieux dépouillement chaque fois que l’on a besoin d’un détail nouveau. Si ce procédé séduit au premier abord, c’est parce qu’il a l’air d’économiser des écritures ; mais l’économie est mal entendue, puisqu’elle a pour conséquence de multiplier infiniment les recherches ultérieures et de gêner les combinaisons.

D’autres personnes comprennent très bien les avantages d’un classement systématique ; elles se proposent en conséquence de recueillir les textes qui les intéressent dans des cadres tracés d’avance. À cet effet, elles prennent des notes dans des cahiers, dont chaque page a été munie, à l’avance, d’une rubrique. Ainsi se trouvent rapprochés tous les textes de même espèce. — Ce système laisse à désirer, car les intercalations