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sont incommodes, et le cadre de classement, une fois adopté, est rigide : il est difficile de l’amender. Beaucoup de bibliothécaires rédigeaient jadis leurs catalogues de cette manière, qui est aujourd’hui condamnée.

Un procédé plus barbare encore ne sera mentionné que par prétérition. Il consiste à enregistrer simplement les documents dans sa mémoire, sans en prendre note par écrit. On l’a employé. Des historiens, doués d’une mémoire excellente et, d’ailleurs, paresseux, se sont passé cette fantaisie : le résultat a été que la plupart de leurs citations et de leurs références sont inexactes. La mémoire est un appareil d’enregistrement très délicat, mais si peu précis, qu’une pareille audace est sans excuse.

Tout le monde admet aujourd’hui qu’il convient de recueillir les documents sur des fiches. Chaque texte est noté sur une feuille détachée, mobile, munie d’indications de provenance aussi précises que possible. Les avantages de cet artifice sont évidents : la mobilité des fiches permet de les classer à volonté, en une foule de combinaisons diverses, au besoin de les changer de place : il est facile de grouper ensemble tous les textes de même espèce, et de faire, à l’intérieur de chaque groupe, des intercalations, au fur et à mesure des trouvailles. Pour les documents qui sont intéressants à plusieurs points de vue et qui auraient droit à figurer dans plusieurs groupes, il suffit de rédiger à plusieurs exemplaires les fiches qui les portent, ou de représenter celles-ci, autant de fois qu’il est utile, par des fiches de renvoi. Du reste, il est matériellement impossible de constituer, de classer et d’utiliser des documents autrement que sur fiches, dès qu’il s’agit de recueils un peu vastes. Les statisticiens, les financiers,