Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/118

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l’importance intrinsèque des sujets et la quantité d’opérations préalables qu’il faut exécuter avant de les traiter : des sujets du plus haut intérêt, par exemple l’histoire des origines et des premiers développements du christianisme, n’ont pu être abordés convenablement qu’après des enquêtes d’érudition qui ont occupé des générations d’érudits ; mais la critique matérielle des sources de l’histoire de la Révolution française, autre sujet de premier ordre, a exigé beaucoup moins d’efforts ; et des problèmes relativement insignifiants de l’histoire du moyen âge ne seront résolus que lorsque d’immenses travaux de critique externe auront été accomplis.

Dans les deux premiers cas, la question de l’opportunité d’une division du travail ne se pose pas. Mais considérons le troisième. Un bon esprit constate que les documents nécessaires pour traiter un point d’histoire sont en très mauvais état : dispersés, abîmés, peu sûrs. Dès lors, il doit choisir : ou bien il abandonne le sujet, n’ayant aucun goût pour des opérations matérielles qu’il sait nécessaires, mais dont il prévoit qu’elles absorberaient son activité tout entière ; ou bien il se décide à entamer les travaux critiques préparatoires, sans se dissimuler qu’il n’aura probablement pas le temps de mettre lui-même en œuvre les matériaux qu’il aura vérifiés, et qu’il va travailler par conséquent pour l’avenir, pour autrui. Notre homme, s’il prend ce dernier parti, devient, comme malgré lui, érudit de profession. — Rien n’empêche, il est vrai, a priori, que ceux qui font de vastes collections de textes et qui donnent des éditions critiques se servent de leurs propres regestes et de leurs propres éditions pour écrire l’histoire ; et nous voyons en effet que plusieurs hommes se sont partagés entre les besognes prépara-