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Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/119

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toires de la critique externe et les travaux plus relevés de la construction historique : il suffit de nommer Waitz, Mommsen, Hauréau. Mais de telles combinaisons sont fort rares, pour plusieurs raisons. La première de ces raisons, c’est que la vie est courte : il y a tels catalogues, telles éditions, tels regestes de grande dimension dont la confection est matériellement si laborieuse qu’elle épuise toutes les forces du travailleur le plus zélé. La seconde, c’est que les besognes d’érudition ne sont pas, pour beaucoup de gens, sans charme ; presque tout le monde y trouve, à la longue, une douceur singulière ; et plusieurs s’y sont confinés qui auraient pu, à la rigueur, faire autrement.

Est-il bon, en soi, que des travailleurs se confinent, volontairement ou non, dans les recherches d’érudition ? — Oui, sans doute. Dans les études historiques comme dans l’industrie, les effets de la division du travail sont les mêmes, et très favorables : production plus abondante, plus réussie, mieux réglée. Les critiques qui sont rompus par une longue habitude à la restitution des textes les restituent avec une dextérité, une sûreté incomparables ; ceux qui se livrent exclusivement à la critique de provenance ont des intuitions que d’autres, moins entraînés dans cette spécialité difficile, n’auraient pas ; ceux qui, toute leur vie, dressent des inventaires ou composent des regestes les dressent et les composent plus aisément, plus vite, et mieux, que les premiers venus. Ainsi, non seulement il n’y a aucun intérêt à ce que tout « historien » soit, en même temps, « érudit » pratiquant ; mais, parmi les « érudits » eux-mêmes, voués aux opérations de critique externe, des catégories se dessinent. De même, dans un chantier, il n’y a aucun intérêt à ce que l’architecte soit en même temps ouvrier, et tous les