Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/121

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d’érudition) que la circonstance suivante : certains individus ont une vocation naturelle pour certaines besognes spéciales. L’une des principales raisons d’être de l’enseignement supérieur des sciences historiques est justement, à notre avis, que la scolarité universitaire permet aux maîtres (supposés gens d’expérience) de distinguer chez les étudiants, ou bien les germes d’une vocation d’érudit, ou bien l’inaptitude foncière aux travaux d’érudition[1]. Criticus non fit, sed nascitur. À qui n’est pas né avec certaines dispositions naturelles, la carrière de l’érudition technique ne réserve que des dégoûts : le plus grand service que l’on puisse rendre aux jeunes gens qui hésitent à s’y engager est de les en avertir. — Les hommes qui se sont consacrés jusqu’ici aux besognes préparatoires les ont choisies entre toutes, parce qu’ils en avaient le goût, ou bien s’y sont résignés, les sachant nécessaires : ceux qui les ont choisies ont moins de mérite, au point de vue moral, que ceux qui s’y sont résignés, mais ils ont obtenu cependant, pour la plupart, des résultats meilleurs, parce qu’ils ont travaillé, non par devoir, mais avec joie et sans arrière-pensée. Il importe donc que chacun embrasse en connaissance de cause, dans son propre intérêt et dans l’intérêt général, la spécialité qui lui convient le mieux.

Examinons les dispositions naturelles qui habilitent, et les défauts vraiment rédhibitoires qui disqualifient, pour les travaux de critique externe. Nous dirons ensuite quelques mots des dispositions

  1. Le professeur d’Université est très bien placé pour découvrir et encourager des vocations ; mais » c’est par des efforts individuels que le but (l’habileté critique) peut être atteint par les étudiants, a très bien dit G. Waitz dans un discours académique ; la part qui revient au maître dans cette œuvre est petite… » (Revue critique, 1874, II, p. 232.)