Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/123

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Hormis les hommes supérieurs (et ceux, infiniment plus nombreux, qui, à tort, se croient tels), presque tout le monde, nous l’avons dit, trouve à la longue de la douceur aux minuties de la critique préparatoire. C’est que l’exercice de cette critique flatte et développe des goûts très généralement répandus : le goût de la collection, le goût du rébus. Collectionner est un plaisir sensible, non seulement pour les enfants, mais pour les grandes personnes, quels que soient d’ailleurs les objets recueillis, variantes ou timbres-poste. Déchiffrer des rébus, résoudre de petits problèmes exactement circonscrits, est pour beaucoup de bons esprits une occupation attrayante. Toute trouvaille procure une jouissance ; or, dans le domaine de l’érudition il y a d’innombrables trouvailles à faire, soit à fleur de terre, soit à travers de quadruples obstacles, pour ceux qui aiment et pour ceux qui n’aiment pas à jouer la difficulté. Tous les érudits de marque ont eu, à un degré éminent, les instincts du collectionneur ou du déchiffreur de logogriphes, et plusieurs s’en sont rendu compte : « Plus nous avons rencontré d’embarras dans la voie où nous nous étions engagé, dit M. Hauréau, plus l’entreprise nous a souri. Ce genre de labeur qu’on appelle la bibliographie [la critique de provenance, principalement au point de vue de la pseudépigraphie] ne saurait prétendre aux glorieux suffrages du public,… mais il a beaucoup d’attrait pour celui qui s’y consacre. Oui, sans doute, c’est une humble étude, mais combien d’autres compensent la peine qu’elles donnent en permettant de dire aussi souvent : J’ai trouvé[1] ! » Julien Havet, « déjà connu des savants de l’Europe »,

  1. B. Hauréau, Notices et extraits de quelques manuscrits latins de la Bibliothèque nationale, I (Paris, 1890, in-8), p. v.