Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/141

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

SECTION II

Critique interne.


CHAPITRE VI

CRITIQUE D’INTERPRÉTATION (HERMÉNEUTIQUE)

I. Quand un zoologiste décrit la forme et la longueur d’un muscle, quand un physiologiste présente le tracé d’un mouvement, on peut accepter en bloc leurs résultats parce qu’on sait par quelle méthode, par quels instruments, par quel système de notation ils les ont obtenus[1]. Mais quand Tacite dit des Germains : Arva per annos mutant, on ne sait d’avance ni s’il a correctement procédé pour se renseigner, ni même en quel sens il a pris les mots arva et mutant ; il faut pour s’en assurer une opération préalable[2]. Cette opération est la critique interne.

La critique est destinée à discerner dans le docu-

  1. Les sciences d’observation ont besoin aussi d’une espèce de critique. On n’admet pas sans vérification les observations du premier venu ; on n’accepte que les résultats obtenus par les gens qui « savent travailler ». Mais cette critique se fait en bloc et d’un seul coup, elle porte sur l’auteur, non sur ses travaux ; au contraire la critique historique est obligée d’opérer en détail sur chacune des parties du document.
  2. Cf. ci-dessus, liv. II, chap. i, p. 90.