Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/151

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quand l’auteur a eu d’autres préoccupations que d’être compris, ou qu’il a écrit pour un public qui pouvait comprendre ses allusions et ses sous-entendus, ou pour des initiés (religieux ou littéraires) qui devaient comprendre ses symboles et ses figures de langage. C’est le cas des textes religieux, des lettres privées et de toutes les œuvres littéraires, qui forment une forte part des documents sur l’antiquité. Aussi l’art de reconnaître et de déterminer le sens caché des textes a-t-il toujours tenu une large place dans la théorie de l’herméneutique[1] (c’est le nom grec de la critique d’interprétation), et dans l’exégèse des textes sacrés et des auteurs classiques.

Les différentes façons d’introduire un sens détourné sous le sens littéral sont trop variées et dépendent de trop de conditions individuelles pour que l’art de les déterminer puisse être ramené à des règles générales. On ne peut guère formuler qu’un principe universel : quand le sens littéral est absurde, incohérent ou obscur, ou contraire aux idées de l’auteur ou aux faits connus de lui, on doit présumer un sens détourné.

Pour déterminer ce sens, on doit procéder comme pour établir la langue d’un auteur : on compare les passages où se trouvent les morceaux auxquels on soupçonne un sens détourné, en cherchant s’il n’y en a pas un où le contexte permette de deviner le sens. Un exemple célèbre de ce procédé est la découverte du sens allégorique de la Bête dans l’Apocalypse. Mais comme il n’existe pas de méthode sûre de solution, on n’a pas le droit d’affirmer qu’on a découvert toutes les intentions cachées ou relevé toutes les allusions con-

  1. A. Bœckh, Encyclopædie und Methodologie der philologischen Wissenschaften 2 (1886), a donné une théorie de l’herméneutique, à laquelle E. Bernheim s’est contenté de se référer.