Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/161

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que sur l’imagination de l’auteur quand il est sincère ou sur son impudence quand il ne l’est pas. On est porté à dire d’un récit circonstancié : « Des choses de ce genre ne s’inventent pas ». Elles ne s’inventent pas, mais elles se transportent très facilement d’un personnage, d’un pays ou d’un temps à un autre. — Aucun caractère extérieur d’un document ne dispense donc d’en faire la critique.

La valeur de l’affirmation d’un auteur dépend uniquement des conditions où il a opéré. La critique n’a aucune autre ressource que d’examiner ces conditions. Mais il ne s’agit pas de les reconstituer toutes, il suffit de répondre à une seule question : si l’auteur a opéré correctement ou non ? — La question peut être abordée de deux côtés.

1o On connaît souvent par la critique de provenance les conditions générales où l’auteur a opéré. Il est probable que quelques-unes ont agi sur chacune de ses opérations particulières. On doit donc commencer par étudier les renseignements qu’on possède sur l’auteur et sur la composition du document, avec la préoccupation de chercher dans les habitudes, les sentiments, la situation personnelle de l’auteur, ou dans les circonstances de la composition, tous les motifs qui peuvent l’avoir incliné à procéder incorrectement ou au contraire à procéder avec une correction exceptionnelle. Pour apercevoir ces motifs possibles il faut que l’attention y soit attirée d’avance. Le seul procédé est donc de dresser un questionnaire général des causes d’incorrection. On l’appliquera aux conditions

    suisses primitifs (Gessler et les conjurés du Grütli), fabriquée au xvie siècle par Tschudi, devenue classique depuis le « Guillaume Tell » de Schiller et qu’on a eu tant de peine à extirper. (Voir Rilliet, Origines de la Confédération suisse, Genève, 1869, in-8.)