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Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/162

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générales de composition du document pour découvrir celles qui ont pu rendre les opérations incorrectes et vicier les résultats. Mais on n’obtiendra ainsi, — même dans les cas exceptionnellement favorables où les conditions de provenance sont bien connues, — que des indications générales insuffisantes pour la critique, car elle doit toujours opérer sur chaque affirmation particulière.

2o La critique des affirmations particulières ne peut se faire que par un seul procédé, singulièrement paradoxal : l’étude des conditions universelles de composition des documents. Les renseignements que ne fournit pas l’étude générale de l’auteur, on peut les chercher dans la connaissance des procédés nécessaires de l’esprit humain ; car, étant universels, ils devront se trouver dans chaque cas particulier. On sait dans quel cas l’homme en général est enclin à altérer volontairement ou à déformer les faits. Il s’agit d’examiner pour chaque affirmation si elle s’est produite dans un des cas où l’on peut s’attendre, suivant les habitudes normales de l’humanité, à ce que l’opération ait été incorrecte. Le procédé pratique sera de dresser un questionnaire des causes habituelles d’incorrection.

Ainsi toute la critique se ramène à dresser et à remplir deux questionnaires, — l’un pour se représenter les conditions générales de composition du document d’où résultent les motifs généraux de défiance ou de confiance, — l’autre pour se représenter les conditions spéciales de chaque affirmation d’où dérivent les motifs spéciaux de défiance ou de confiance. Ce double questionnaire doit être dressé d’avance de façon à diriger méthodiquement l’examen du document en général et de chaque affirmation en particulier ; et comme il est