Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/163

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le même pour tous les documents, il est utile de l’établir une fois pour toutes.

IV. Le questionnaire critique comporte deux séries de questions qui correspondent aux deux séries d’opérations par lesquelles le document s’est constitué. La critique d’interprétation fait connaître seulement ce que l’auteur a voulu dire ; il reste à déterminer : 1o ce qu’il a cru réellement, car il peut n’avoir pas été sincère ; 2o ce qu’il a su réellement, car il peut s’être trompé. — On peut donc distinguer une critique de sincérité destinée à déterminer si l’auteur du document n’a pas menti, et une critique d’exactitude destinée à déterminer s’il ne s’est pas trompé.

Dans la pratique on a très rarement besoin de savoir ce qu’a cru un auteur ; à moins qu’on ne fasse une étude spéciale de son caractère, l’auteur n’intéresse pas directement, il n’est qu’un intermédiaire pour atteindre les faits extérieurs rapportés par lui. Le but de la critique est de déterminer si l’auteur a représenté ces faits exactement. S’il a donné des renseignements inexacts, il est indifférent que ce soit par mensonge ou par erreur : on compliquerait inutilement l’opération en cherchant à le distinguer. On n’a donc guère occasion de pratiquer séparément la critique de sincérité, et on peut abréger le travail en réunissant dans un même questionnaire tous les motifs d’inexactitude. Mais il sera plus clair d’exposer séparément en deux séries les questions à se poser.

La première série de questions servira à chercher si l’on a quelque motif de se défier de la sincérité de l’affirmation. On se demande si l’auteur a été dans une des conditions qui normalement inclinent un homme à n’être pas sincère. Il faut chercher quelles sont ces conditions, en général pour l’ensemble d’un document,