Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/166

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aussi sont-elles très apparentes, au point que les anciens leur avaient déjà donné des noms (studium et odium) ; c’était dès l’antiquité un lieu commun littéraire pour les historiens de protester qu’ils avaient évité l’un et l’autre.

4e cas. L’auteur a été entraîné par la vanité individuelle ou collective à mentir pour faire valoir sa personne ou son groupe. Il a affirmé ce qu’il croyait de nature à produire sur le lecteur l’impression que lui ou les siens possédaient des qualités estimées. Il faut donc se demander si l’affirmation n’a pas quelque motif de vanité. Mais il ne faut pas se figurer la vanité de l’auteur d’après la nôtre ou celle de nos contemporains. La vanité n’a pas partout les mêmes objets, il faut donc chercher à quoi l’auteur mettait sa vanité ; il se peut qu’il mente pour s’attribuer (à lui ou aux siens) des actes que nous trouverions déshonorants. Charles IX s’est vanté faussement d’avoir préparé la Saint-Barthélemy. Il y a pourtant un motif de vanité universel, c’est le désir de paraître tenir un rang élevé et jouer un rôle important. Il faut donc toujours se défier d’une affirmation qui attribue à l’auteur ou à son groupe une place considérable dans le monde[1].

5e cas. L’auteur a voulu plaire au public ou du moins a voulu éviter de le choquer. Il a exprimé les sentiments et les idées conformes à la morale ou à la mode de son public ; même quand il en avait personnellement d’autres, il a déformé les faits de façon à les adapter aux passions et aux préjugés de son public. Les types les plus nets de ce genre de mensonge sont les formes de cérémonial, paroles sacramentelles, déclarations prescrites par l’étiquette, harangues d’apparat, for-

  1. Des exemples frappants du mensonge par vanité remplissent les Économies royales de Sully et les Mémoires de Retz.