Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/180

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si l’auteur a reproduit sa source sans l’altérer. Cette recherche rentre dans la critique des sources[1], dans la mesure où on peut comparer les textes. Mais quand la source a disparu, la critique interne reste seule possible. — Il faut se demander d’abord si l’auteur a pu avoir des informations exactes, sinon son affirmation est sans valeur. — Puis il faut chercher, en général, s’il avait l’habitude d’altérer ses sources et dans quel sens ; en particulier, pour chacune de ses affirmations de seconde main, si elle paraît une reproduction exacte ou un arrangement. On le reconnaît à la forme : un morceau d’un style étranger qui détonne dans l’ensemble est un fragment d’un document antérieur ; plus la reproduction est servile, plus le morceau est précieux, car il ne peut contenir de renseignements exacts que ceux qui étaient déjà dans sa source.

VII. Malgré toutes ces recherches la critique ne parvient jamais à reconstituer l’état civil de tous les renseignements de façon à dire par qui chaque fait a été observé, ni même par qui il a été noté. La conclusion, dans la plupart des cas, c’est que l’affirmation reste anonyme.

Nous voilà donc en présence d’un fait observé on ne sait par qui ni comment, et noté on ne sait quand ni comment. Aucune autre science n’accepte de faits dans ces conditions, sans contrôle possible, avec des chances d’erreur incalculables. Mais l’histoire peut en tirer parti parce qu’elle n’a pas besoin, comme les autres sciences, d’atteindre des faits difficiles à constater.

La notion de fait, quand on la précise, se ramène à un jugement d’affirmation sur la réalité extérieure. Les

  1. Voir ci-dessus, p. 72 et suiv.