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Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/181

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opérations par lesquelles on aboutit à cette affirmation sont plus ou moins difficiles et les chances d’erreurs plus ou moins grandes suivant la nature des réalités à constater et le degré de précision qu’on veut mettre dans la formule. La chimie et la biologie ont besoin de saisir des faits délicats, des mouvements rapides, des états passagers, et de les mesurer en chiffres précis. L’histoire peut opérer sur des faits beaucoup plus grossiers, très durables ou très étendus (l’existence d’un usage, d’un homme, d’un groupe, même d’un peuple), exprimés grossièrement par des mots vagues sans mesure précise. Pour ces faits beaucoup plus faciles à observer elle peut être beaucoup moins exigeante sur les conditions d’observation. Elle compense l’imperfection de ses procédés d’information par son aptitude à se contenter d’informations faciles à prendre.

Les documents ne fournissent guère que des faits mal constatés, sujets à des chances multiples de mensonge ou d’erreur. Mais il y a des faits pour lesquels il est très difficile de mentir ou de se tromper. — La dernière série des questions que doit se poser la critique a pour but de discerner, d’après la nature des faits, ceux qui, étant très peu exposés aux chances d’altération, sont très probablement exacts. On connaît en général les espèces de faits qui sont dans ces conditions favorables, on peut donc dresser un questionnaire général ; on l’appliquera à chaque fait particulier du document en se demandant s’il rentre dans un des cas prévus.

1er cas. Le fait est de nature à rendre le mensonge improbable. On ment pour produire une impression, on n’a plus de raisons de mentir sur un point où on croit toute impression mensongère inutile ou tout mensonge inefficace. Pour reconnaître si l’auteur