Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/19

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brables où l’ignorance de la logique, l’emploi de procédés irrationnels, l’absence de réflexion sur les conditions de l’analyse et de la synthèse en histoire, ont vicié les travaux des érudits et des historiens.

En réalité, l’histoire est sans doute la discipline où il est le plus nécessaire que les travailleurs aient une conscience claire de la méthode dont ils se servent. La raison, c’est qu’en histoire les procédés de travail instinctifs ne sont pas, nous ne saurions trop le répéter, des procédés rationnels ; il faut donc une préparation pour résister au premier mouvement. En outre, les procédés rationnels pour atteindre la connaissance historique diffèrent si fortement des procédés de toutes les autres sciences, qu’il est nécessaire d’en apercevoir les caractères exceptionnels pour se défendre de la tentation d’appliquer à l’histoire les méthodes des sciences déjà constituées. On s’explique ainsi que les mathématiciens et les chimistes puissent se passer, plus aisément que les historiens, d’« introduction » à leurs études.

Il n’y a pas lieu d’insister davantage sur l’utilité de la méthodologie historique ; car c’est évidemment à la légère qu’elle a été contestée. Mais il faut expliquer les motifs qui nous ont conduits à composer le présent ouvrage. — Depuis cinquante ans, un grand nombre d’hommes intelligents et sincères ont médité sur la méthode des sciences historiques ; on compte naturellement parmi eux beaucoup d’historiens, professeurs d’Université, mieux placés que d’autres pour connaître les besoins intellectuels des jeunes gens, mais aussi